mercredi 13 mars 2019

Conduite

Faut-il accélérer le rythme des réformes ? C'est compliqué, puisque ça fait prendre de la vitesse à celui de la contestation des Gaulois réfractaires.

Ces derniers il faut bien le reconnaître, on un problème avec le champignon. Ils sont descendus battre le bitume parce qu'on leur imposait, notamment, de réduire la célérité de leurs charrettes d'une dizaine de km/h. Dans le même temps, les autres charrettes (celles des licenciements), filent en mode Fast and Furious.

Dès lors, pour faire décélérer le rythme de la contestation, fallait accélérer, comme un chauffard, celui de la répression.

La politique, c'est juste une question de (bonne ou mauvaise) conduite.

mercredi 13 février 2019

Effacer

" Si j'efface ton commentaire de mon blog, tu vas l'effacer de ta tête et ça va t'écarter du chemin de la rédemption que tu dis vouloir suivre. Donc ça ne t'aidera en rien.

De plus si je l'efface, je supprime un élément utile de compréhension de ce qu'est le harcèlement sur le web et en général. Donc ça desservira la cause de la lutte contre le harcèlement que je me suis promis de défendre et à laquelle tu me dis être désormais sensible.

Ça n'a rien de personnel. Certes, à l'époque, tes mots m'ont fait du mal, mais je ne t'en veux pas. Je n'éprouve aucune haine. Plutôt de la peine pour vous, car je sais que vous souffrez, toi et tous les autres qui m'ont balancé des horreurs à la gueule pour que je la ferme, d'un trouble psychologique, d'une maladie mentale qui se traduit par cette capacité à aimer faire du mal à ses congénères.

Tu me dis que tu chemines là-dessus et c'est bien, mais si tu veux aller au bout du chemin, ça n'est pas en effaçant, c'est, au contraire, en n'oubliant pas. On ne peut devenir meilleur qu'en cultivant la mémoire du mal qu'on a pu commettre. C'est comme un garde-fou pour éviter de chuter.

Je te souhaite d'y parvenir, sincèrement.
"

C'est ce que j'ai répondu à un de mes harceleurs de l'époque de la #ligueduLOL qui m'a envoyé un mail pour me faire part de ses regrets et me demander de supprimer son commentaire haineux sous un de mes billets de ce blog.

Qu’est-ce que les turpitudes disruptives de cette brigade du lol ont changé au Web et à la société ? Comme je l'ai écrit ici, la culture du harcèlement qui s’est répandue, via les réseaux, dans toutes les têtes. On imagine l’embarras d’un des ces anciens membres de la ligue découvrant, devenu père huit ans après les faits, qu’un de ses enfants est harcelé à l’école.

Ils ont banalisé toutes les "phobies" sociales : homophobie, grossophobie, vieuxblancophobie, sexisme, racisme, machisme... Ils ont en quelque sorte volé au Web des années 1990 son innocence. La ligue du LOL est aussi devenue une matrice pour les maux dont souffrent aujourd’hui les médias : effet de meute, fausses informations, hyper-immédiateté ôtant tout sens de l’analyse, banalisation de la violation du respect de la vie privée.

Mais surtout, la ligue du LOL a accéléré le processus de censure du net. Et c’est bien le message que les anciens ont essayé de leur faire comprendre au début des années 2010 : si vous continuez, si vous n’êtes pas capables de vous modérer, d’autres (la puissance publique) le feront à votre place, et ça sera violent.

Faute d’avoir compris que le Net, pour rester libre, devait s’autoréguler, ils l’ont livré en pâture aux censeurs pour assurer des plans de carrière qui aujourd'hui s’effondrent.

Les têtes tombent. Celles des ligués dans les rédactions mais aussi ailleurs, certains ayant loué les services de leur force de frappe numérique dans la sphère politique. Celles de leurs fans suivent. Ils n'étaient pas adhérents, mais sympathisants admiratifs et se sont mis à se comporter comme eux. Ils ont eu beau supprimer leurs tweets, le Net qui n'efface rien les exhume. De nouvelles meutes s'acharnent sur celle-là avec parfois une extrême ressemblance dans cette volonté que peut avoir un groupe d'individus de réduire les autres au silence, d'imposer sa conception du monde à la majorité.



J'en sais rien. J'ai fait ce que j'avais à faire. C'est désormais entre vos mains.