jeudi 17 décembre 2020

Télé

L’année télé ! Elle a commencé par un telex en provenance de Chine avec des images pas très téléginiques qui ont tourné en boucle sur toutes les chaînes de télévision de la planète. Un nouveau virus se serait mis en tête de faire vaciller la certitude largement établie selon laquelle l’homme est assis au sommet de la chaîne alimentaire. Toute la planète a dû s’y mettre : télétravail, télévente, télémédecine, téléachats, télécommande, téléchargements, téléboutiques, télépaiement, téléphone, téléguidage… On en est même arrivé à interdire les télésièges et les téléphériques. Une réalité qui dépasse la fiction d’un mauvais téléfilm, une téléréalité pour de vrai où l’humanité s’est retrouvée confinée dans les recoins de sa petite planète, visant de loin les autres au télescope… De quoi donner envie d’aller se faire téléporter chez les Télétubbies.

mardi 15 décembre 2020

Certitudes

Décidément, cette crise sanitaire ébranle nos certitudes. Depuis bientôt un an, tout a été affirmé et démenti, assuré et contesté. Le covid-19 est-il né en Chine ou ailleurs ? On ne sait pas. Est-ce le produit d’un cuisinier d’espèces rares d’une d’un savant fou manipulant ders souches ? On l’ignore encore. Faut-il porter un masque ? Ce qui est devenu la règle aujourd’hui faisait encore débat à la veille du premier confinement, où on s’intéressait davantage au port de gants. Les masques à usages uniques sont-ils vraiment à usage unique ? Là encore, on a découvert qu’ils pouvaient servir plusieurs fois… après en avoir jeté à la poubelle et dans la nature des milliards ! Et voilà que la ribambelle des doutes et des questionnements se met à tourner autour des vaccins. Cela dit, comme disait Benjamin Franklin :
« En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts. »

mercredi 25 novembre 2020

Terminologie

Le signifiant et le signifié… C’est terrible parfois comme les mots qu’on utilise peuvent amener ceux qui les écoutent à comprendre l’immense contraire de ce qu’on voulait laisser entendre. Le vocabulaire de cette crise sanitaire semble être la nouvelle victime de cette dérive terminologique. A l’heure où les vaccins contre le Covid-19 arrivent, un nouveau mot essaime : le testing. C’est anglais mais tout le monde comprend, puisque le préfixe renvoie au français : test. Et on a tôt fait de glisser vers la notion de « bêta-test », période d’essai d’un produit informatique avant sa publication. En gros : on compte sur les premiers utilisateurs pour essuyer les plâtres avant d’établir une version fiable. Et voilà qu’on s’enfonce dans le lexique de la « tech », où il fut un temps où les marchands de sécurité trifouillaient dangereusement les virus pour nous en protéger… A quel prix ?

dimanche 15 novembre 2020

Longtemps

Il va falloir « vivre avec le virus sur le temps long » assure Jean Castex dans Le Monde samedi. Le premier ministre travaille à des « règles » pour le pays jusqu’à l’arrivée d’un vaccin contre le coronavirus, cependant que la contestation des mesures de restriction continue. Et forcément, dans la tête des gens qui s’impatientent la phrase de Jean Castex taraude : ça dure combien de temps le temps long ? Alors il s’agit d’un concept utilisé en histoire, nous explique Wikipédia. Il a été créé par Fernand Braudel en 1949 dans sa thèse sur La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II où il introduit un nouveau concept permettant une approche nouvelle des faits historiques : la « longue durée ». Philippe II, né le 21 mai 1527 à Valladolid et mort le 13 septembre 1598 au palais de l’Escurial. Bref, si vous trouvez le temps long, va falloir encore patienter longtemps.

Uniques (ta mère)

Ainsi donc, les masques à usage unique ne le sont pas. Avec juste un peu d’huile de coude, du savon, de l’eau chaude et un fer à repasser, ils peuvent servir plus d’une fois. Et voici les fabricants qui voient leur croissance spectaculaire soudain menacée. Et ça n’est qu’un début : ils peuvent trembler. On ne va pas s’arrêter là. Si le masque à usage unique est plus robuste qu’on nous le disait, c’est une porte ouverte vers un monde où les idées les plus folles vont fleurir comme au printemps. On imagine déjà des petites recycleries sortir de vieilles machines à coudre pour tisser de grandes toiles avec ces masques raccommodés les uns aux autres dans une sorte de patchwork susceptible de devenir un nouveau textile. Manque plus qu’une grande griffe de la mode s’en empare pour sa prochaine collection et le tour sera joué : la revanche des masqués !

vendredi 4 septembre 2020

Flamber

C’est une horreur, une catastrophe, un truc au moins aussi grave que la pandémie : les Français mettent trop de sous à l’abri. Ils n’ont jamais autant épargné qu’au cours des derniers mois. Selon les derniers chiffres de la Banque de France, les dépôts bancaires ont atteint 85,6 milliards d’euros entre mars et juillet. Les expperts expliquent que ces chiffres ne sont pas une bonne nouvelle pour l’économie française, car chaque euro mis à la banque est un euro qui n’est pas dépensé. Voilà. La messe consumériste est dite. Si vous avez été élevés par des parents qui vous ont dit que mettre des sous de coté était une façon d’assurer l’avenir, oubliez la leçon de vos aînés : il faut dépenser ce qu’on gagne, jetter l’argent par les fenêtres, faire péter la thune… Et si rien de tout ce qui vous est proposé dans cette société de consommation ne nous donnait envie de flamber ?

mercredi 2 septembre 2020

Relance

Il faut relancer la machine économique ! C’est de la plus haute importance. Tout le monde en a besoin. Chacun a quelque chose à retrouver : les chômeurs de l’emploi, les entreprises un niveau de production, les salariés des garanties pour leur avenir, les banques des investissements, les transports des usagers, les hôtels des clients, les restaurants des gourmands, les bars des piliers, les piscines des baigneurs, les coiffeurs des barbus, les spéculateurs des spéculations, les capitalistes des capitaux et les profiteurs des profits. Bref, les biens, les personnes, les services, les lignes comptables, faut que ça circule, faut que ça tourne, faut que ça bouge. Bon, le problème, c’est que quand l’être humain se met à accélérer le rythme de ses flux de circulation autour de cette petite planète, les virus aussi.

mardi 23 juin 2020

Trop

Les retours d’expériences de déconfinement sont unanimes. Un mètre en France, en Italie ou à Singapour ; deux mètres aux États-Unis, en Espagne ou en Allemagne… on garde ses distances !

Les clients de bistrot ou de restaurant retrouvent enfin un peu de place pour poser le smartphone ou la tablette. Les élèves qui sont retournés en classe n’en reviennent pas d’avoir autant d’aisance. Quant aux cinéphiles, ils découvrent le plaisir de se vautrer dans les fauteuils sans gêner leurs voisins.

Bref, ce qu’on appelle la distanciation sociale a du bon. Certes, elle réduit le chiffre des affaires d’une vieille économie habituée à entasser les êtres humains sur les bancs de grande messe consumériste, mais elle redonne du plaisir à vivre les uns à côté des autres, et non les uns sur les autres.

Et elle pose une question angoissante : serions-nous trop nombreux sur cette planète ?

jeudi 7 mai 2020

Chiffonnant

Y’a un truc assez chiffonnant avec cette histoire de masques. Une fois rentré à la maison avec son masque peut-être contaminé sur la surface extérieure, comment fait-on pour le retirer sans se mettre du virus plein les mains ? Avec des gants ?

D’accord. Mais une fois retiré le gant droit avec la main gantée gauche (ou l’inverse, c’est comme vous voulez), comment on retire le gant restant sans se contaminer la main dégantée ? En remettant un nouveau gant ?
*Oui mais si on le touche avec le gant potentiellement contaminé ? Non mais sérieusement, y’a un marché là !

Faudrait inventer un kit de démasquage et de dégantage en plastique rigide, pour éviter les contacts directs avec les mains. Des sortes de grosses pinces un peu comme celles pour ramasser les ordures par terre.

Bon évidemment, faudra bien penser à les laver en se protégeant… euh… avec un masque et des gants ?

dimanche 5 avril 2020

Déconfits

Si tout se passe bien, d'ici quelques semaines, nous serons tous déconfinés.

Nous aurons le plaisir d'éprouver à nouveau la liberté d'aller et venir comme bon nous semble sans avoir à signer un mot d'excuse à soi-même.

Certes, ça sentira moins bon l'air pur et la nuit, on distinguera moins bien les étoiles. Mais bon... Imaginez la joie des automobilistes retrouvant le plaisir d'être coincés dans les bouchons, celle des consommateurs faisant la queue aux caisses des enseignes de la grande distribution.

Et puis le bonheur, aussi, de se lever le lundi matin pour retrouver les collègues de travail qui font la gueule !

Je vous sens soudain dubitatifs. Auriez vous peur de devenir des déconfinés déconfits ?

vendredi 3 avril 2020

Migrants

D’habitude, pour les vacances de Pâques, on vous donne des conseils pour bien rouler sur les routes à grands renforts de Bison Futé et de prévisions de Météo France. Mais cette année, c’est tintin.

Certes les congés pays font partie de la grande famille historique des droits sociaux acquis au prix de luttes sanglantes. OK : l’air de la campagne, c’est bon pour la santé et les voyages, ça forme la jeunesse. Mais y’a pas à discuter pour Pâques 2020, les congés, c’est confiné.

Le seul chassé-croisé au programme, c’est celui des vacanciers réfractaires et des forces de l’ordre, prunes à la clé.

Comme d’habitude, le génie des Gaulois réfractaires va jouer à plein : mots d’excuse bidons, voyageurs cachés sous la banquette, péniches le long des fleuves ou embarcations plus luxueuses en Méditerranée.

C’est un peu comme si, en ce printemps 2020, les vacanciers étaient… des migrants.

vendredi 13 mars 2020

Rien

Pandémie oblige, les notions de travail et de loisirs explosent. Le boulot s’installe à la maison et, avec la gestion des courses et des enfants à distance, le foyer au travail.

On imagine déjà des scènes cocasses : le chef de service s’efforçant de donner des consignes à un salarié en train d’aider ses enfants au téléphone parce qu’ils ne pigent rien à leurs télédevoirs ou le salarié à la maison prenant les consignes de son patron pour sa journée de télétravail à poil en sortant de la douche. Le week-end aussi va être étrange.

Terminées les virées au centre commercial. On va faire un drive pour éviter les contacts. Une séance de ciné ? Oubliez, tous les films sont déprogrammés. Un resto ? Un tout petit alors, avec pas grand monde.

Sinon, vous pouvez sortir, humer l’air, regarder le ciel et faire un truc essentiel à la compréhension de la marche du monde : rien.