jeudi 15 avril 2021

Jardin

Que l’on soit une grande asperge avec une drôle de binette, bête comme chou, cornichon, courge, gland avec rien dans le ciboulot ou jolie fleur qui fait florès ; que l’on soit fauché comme le blé parce qu’on l’a mangé en herbe ou qu’on en ait derrière les fagots sans trop bûcher pour mettre du beurre dans les épinards, le jardin nous renvoie à une certitude : le ver est dans le fruit et la vie nous fait la figue. On se prend des coups de bambou, on glisse sur des peaux de banane, on se faire secouer le cocotier, on se fait courir sur le haricot. Et ça ne s’arrangera pas. Il faut le dire sans langue de bois : un jour ou l’autre, on finira par sucrer les fraises, charrier dans les bégonias, yoyoter du bulbe. Sec comme un caroube, pressé comme un citron, pâle comme une endive, les carottes seront cuites et on ira manger les pissenlits par la racine. En attendant, cultivons notre jardin !