samedi 16 juillet 2011

Faux-culs

Je ne sais pas si Eva Joly a eu tort pour avoir raison, ni si François Fillon a de bonnes raisons d'avoir eu tort. Je constate simplement que cette polémique est facile. Parce qu'elle secoue tout à la fois le patriotisme et les fondements de la citoyenneté.

Car oui, je suis de la vieille école. Celle où on ne devenait libre qu'en s'acquittant de sa dette envers la nation : travailler, se libérer des obligations militaires, fonder une famille, voter, payer des impôts et éprouver un sentiment de patriotisme exigeant.

Celui que l'on ressent quand, une fois ces missions accomplies, ces joies et ces peines éprouvées, on est en droit d'attendre de sa patrie qu'elle exige de ses enfants autant qu'elle est en mesure de leur donner.

J'ai nettoyé les pissotières, essuyé la désolation que cette captivité fait naître pendant d'interminables classes, puis ramassé ma dignité, fait marcher des hommes au rythme du gauche droite de l'ordre serré, fait du trou. Officier appelé. J'ai défilé un 14 juillet.

Je ne sais pas comment des politiques et des éditorialistes qui, pour la plupart, ont été pistonnés, planqués, ou réformés peuvent trouver l'audace d'ouvrir leur gueule sur la Grande Muette.

J'ai servi sous les drapeaux. A l'époque, la conscription n'était pas abolie. J'y ai croisé de gros cons et de belles âmes. J'ai discipliné mon antimilitarisme. Et j'ai compris que ces gens-là, comme les autres, méritent le respect. Qu'ils ont autant le droit de représenter la république un 14 juillet que les enfants des écoles, que leurs instituteurs ; tout comme les vieux qu'on laisse crever dans les maisons de retraite et ceux à qui on délègue le soin de leur changer les couches.

Parce que de la naissance à la mort, il faut bien admettre que nous sommes tous soumis à cette corvée de chiotte essentielle. Même les faux-culs.