vendredi 28 juin 2013

A poil

L'époque où l'homme devait être imberbe pour être beau est révolue. Le mâle dominant n'est en effet plus condamné à l'épilation intégrale : il suffit de regarder les people pour s'en rendre compte la référence est le « bear » (l'ours).

Moustache, barbe et torse velu : on peut sortir ses poils, à condition qu'ils soient soigneusement entretenus et les magazines pour hommes regorgent de conseils.

Le poil de l'homme aurait un tel pouvoir qu'une marque laitière vient de lancer une campagne de communication très virile avec un manteau confectionné à partir d'un million de poils de torse humain. Une redingote qui aura nécessité plus de 200 heures de travail.

Mais ça n'est pas tout : en Chine, le collant « poils de jambe » fait fureur.

Évidemment, ces poils dans le vent ça risque fort de défriser les marchands de rasoirs.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 27 juin 2013

Seniors

Selon l'Insee, le taux d'activité des 55-64 ans se situe à 39,7 % en France alors qu'il atteint 46,3 % en moyenne dans l'Union européenne.

C'est dramatique. D'autant que si la réforme des retraites s'oriente vers un allongement de la vie professionnelle et que le chômage continue sa progression, on va se retrouver avec des seniors attendant leur retraite au chômage de plus en plus longtemps.

D'où l'idée d'instaurer des quotas de seniors dans les entreprises, un peu comme pour les femmes en politique ou les minorités visibles à la télé.

Une initiative qui devrait être relayée dans leurs médias respectifs par Alain Duhamel (RTL), 73 ans, Michel Drucker (Europe 1, France 2) 70 ans, Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) 75 printemps… Sans oublier Philippe Bouvard (RTL) qui peut toiser cette bande de jeunots du haut de ses… 83 ans.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 21 juin 2013

Pénibilité

Cambrioleur, c'est un vrai métier difficile : faut avoir une bonne formation, de l'expérience et les nerfs solides.

La preuve avec Marius, un apprenti monte-en-l'air roumain qui s'était introduit dans un appartement quand soudain il a entendu un bruit tellement étrange qu'il s'est caché sous un lit et a appelé la police pour qu'elle vienne à son secours. En fait, il s'agissait du chat de la maison, passablement énervé.

Autre exemple, en Nouvelle-Zélande cette fois. Un malfrat a bien failli mourir de trouille en tombant sur le cadavre d'un pendu dans la maison qu'il cambriolait. Il s'est mis à hurler au point de réveiller le voisinage. Le temps de se calmer, il a appelé la police qui est venue le cueillir et décrocher le pendu.

Bref, pour ceux qui en doutaient encore au moment où s'ouvre un nouveau débat sur les retraites : n'oubliez pas de prendre en compte la pénibilité des métiers.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 20 juin 2013

Longtemps

Faut voir comment ils sont heureux, les octogénaires, les nonagénaires et les centenaires en fin de vie dans les maisons de retraite.

Ils rendent grâce tous les jours aux savants fou qui leur ont inventé des prothèses et à l'industrie pharmaceutique qui, bénévolement, les maintient en vie.

Ça respire le bonheur une maison de retraite. Le personnel y est abondant et jamais débordé. Les vieux ne sont jamais attachés dans leur lit ou leur fauteuil et on ne les gave pas de sédatifs à 17 h 30 pour leur permettre de faire la bamboula toute la nuit, parce que grâce au Viagra, la vie sexuelle après l'heure, c'est encore l'heure.

Voilà, c'est ça le progrès, un truc qu'il ne faut pas arrêter. On vit de plus en plus longtemps, de mieux en mieux, de plus en plus heureux. Mais ça coûte cher, alors il va falloir bosser plus longtemps pour payer ceux à cause de qui ça coûte cher.

Évidemment, ça va être frustrant de devoir reculer l'âge auquel les gens auront le droit de profiter du plaisir de finir leur vie en maison de retraite. Ils attendent ce grand moment depuis si longtemps.

mercredi 12 juin 2013

Élastomères

A peine un non-lieu total est-il requis pour DSK dans l'affaire du Carlton que certains s'emballent déjà sur son retour en politique.

Comme si c'était inédit, impossible, voire… abracadabrantesque, comme disait l'autre, dont les affaires, quand elles lui en touchaient une, laissaient l'autre immobile. Jacques Chirac, certes, mais pas que.

Charles Pasqua aura politiquement survécu jusqu'en 2011 aux pantalonades politico-judiciaires. Et après avoir traversé le désert au Canada, Alain Jupé est redevenu ministre. Pour ceux qui l'auraient oublié, l'affaire du sang contaminé n'aura pas empêché Laurent Fabius de faire son come back, et Harlem Désir, reconnaissons-le, ne manque pas d'assurance.

La liste n'est évidemment pas exhaustive. Caoutchoucs, élastiques, rebondissants : la plus grande famille politique doit être celle des élastomères.

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Billet initialement publié ici.

mardi 11 juin 2013

Le féminin l'emporte...

C'est pénible, cette guerre des sexes. Outre le fait que les questions d'égalité des droits entre hommes, femmes, homos et hétéros peuvent pousser les gens à battre le pavé ou leurs semblables, cela conduit à des situations aberrantes.

Tenez, par exemple, en Suède, vu que le règlement de la compagnie de métro de Stockholm exclut le short et impose aux conducteurs le port exclusif du pantalon ou de la jupe, c'est cette dernière qui a été adoptée par ces messieurs quand il fait trop chaud.

Et puisqu'on cite l'Europe du Nord en exemple, sachez aussi qu'à l'université de Leipzig, un enseignant agacé par les hésitations entre professeur et professeure dans les textes officiels a tranché : le terme professorin (professeure) s'applique à tout le corps enseignant.

Pour une fois que le féminin l'emporte sur le masculin…

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Billet initialement publié ici.

lundi 10 juin 2013

Plus le temps

Les temps changent. La météo, oui, avec ce dérèglement climatique qui nous met l'automne en hiver et le printemps en été, mais pas seulement. Le temps tout court. Il passe vite.

Même plus le temps de le tuer. L'arrêter ? Il cavale. Suspendre son vol ? Ça chagrinerait ses passagers. Prendre congé ? Pas facile : sa durée légale s'allonge.

Et les 35 heures ? Un ancien Premier ministre d'une majorité naguère élue en promettant qu'on s'enrichirait en travaillant davantage nous assurait même voici quelques jours sur le service public de l'audiovisuel qu'il faudra trimer plus en acceptant de gagner moins.

La pension ? Pas mieux. Un autre ancien Premier ministre dont le temps s'est définitivement arrêté ne sera pas là pour constater que sa famille politique a oublié ses combats acharnés pour la retraite à 60 ans. Faut dire aussi qu'entretenir la mémoire, ça prend du temps.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 7 juin 2013

Quinquin

Il me manquera, Mauroy. Sa voix grave, ses grosses lunettes, ses mains de géants. Je sais déjà que ses détracteurs ne manqueront pas de rappeler deux ou trois affaires obscures dans lesquelles nous, journalistes exerçant ou ayant exercé sur ses terres septentrionales savons qu'il n'aurait pas du s'aventurer.

Qu'importe. Il me manquera quand-même et pour des raisons parfaitement irrationnelles. A cause des racines. Parce que je suis né et que j'ai grandi dans l'Avesnois, moi aussi, avant de m'envoler vers Lille. C'est là qu'un jour, voici exactement 13 ans, nous avions échangé des mots émus. Je vous les livre comme un héritage. Faites-en ce que bon vous semblera.

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Pierre Mauroy est un enfant du terroir, dont les racines bocagères ont nourri un destin national. Mais il y revient quand même de temps en temps, dans cette campagne avesnoise. En tout cas au moins une fois l’an, pour célébrer la mémoire de son modèle en politique.

Chaque 9 juin, date anniversaire de la mort de Léo Lagrange, un des hommes du Front populaire chargé en 1936 par Léon Blum d’organiser les sports et les loisirs, Pierre Mauroy est à Avesnes-sur-Helpe. Il vient poser une gerbe et se recueillir devant la statue de Léo Lagrange. En 2000, la cérémonie a eu lieu le 10 juin.

« Léo Lagrange était candidat ici, raconte Pierre Mauroy ce samedi 10 juin 2 000, en remontant la rue Léo-Lagrange. Mon père était directeur d’école à Cartignies. Au fond, ma mère était assez stricte, et en tous les cas, elle tenait à ce que l’on fasse honneur à tout personnage qui pouvait venir chez elle. Et donc elle nous avait prévenu que s’il venait quelqu’un d’assez extraordinaire (elle ne pensait pas du tout à Léo Lagrange : elle pensait à l’Inspecteur primaire bien entendu) immédiatement -nous étions six gosses- nous devions nous asseoir, ne plus bouger, ne rien dire. Si bien qu’arrive un grand costaud, là, que mon père salue. Lui me chatouille un petit peu les cheveux, donc je trouvais que c’était un inspecteur tout de même assez gentil, et aussitôt on rectifie nos positions. C’était Léo Lagrange, qui faisait sa campagne électorale et qui passait voir le directeur d’école de Cartignies. Donc j’en ai gardé le souvenir et c’est parce que j’en ai gardé le souvenir que ma famille l’a entretenu, et qu’étant au collège du Cateau on attendait son retour, on pensait qu’il était prisonnier… Eh bien non, il était décédé à Evergnicourt et c’est comme ça que j’ai créé la Fédération nationale Léo-Lagrange et que je lui suis resté fidèle… »

Comment est-il devenu maire de Lille ?

« Vous savez confie-t-il, j’avais un désir, une ambition, c’était de devenir député-maire du Cateau-Cambrésis. Alors ma foi, j’étais au Cateau, le maire se retirait pour que, aux élections municipales, je devienne maire à mon tour. Les élections législatives, finalement, j’avais toutes chances de les emporter un jour. Et puis voilà, on était en 1971, à Lille, c’était difficile, Augustin Laurent voulait se retirer. J’étais premier secrétaire, déjà, de la fédération socialiste du Nord, je préparais, un petit peu en cachette, le Congrès d’Epinay quoi, avec François Mitterrand, et il m’a dit : Pierre, il faut que tu montes à Lille. Voilà comment je suis devenu maire de Lille, vraiment en reculant et pas très heureux, j’ose à peine le dire, parce que Lille a été ma chance formidable et qu’ensuite, ça a été une véritable passion. Mais à ce moment-là, ma femme ne voulait pas quitter ses parents qui habitaient Cambrai, on était bien au Cateau-Cambrésis, c’était notre pays quoi, je tenais à être député-maire du Cateau ici, dans ma région. Voilà, le destin m’a appelé à Lille et ça fait trente ans que je suis maire de Lille. Alors vous voyez, je vais quitter ce poste ici, au mois de mars (2001) mais je reste fidèle tout de même à ce coin de terre qu’est l’Avesnois… »

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Ces mots son extraits d'un livre que j'ai écrit jadis. Merci à mon éditeur de me laisser les reproduire ici.