lundi 30 novembre 2015

Cybercrotte

Vous avez probablement violé, ce week-end, la confidentialité des lettres que vos enfants ou petits-enfants estimaient en toute bonne foi destinées à n'être lues que par le Père Noël.

Il va falloir choisir, car la liste est plus longue que les lignes de crédit de votre relevé de compte.

Immanquablement, cette année, le martelage publicitaire des chaînes pour gosses aidant, vous trouverez des souhaits de jouets électroniques. Le drone avec caméra embarquée est à la mode.

Évidemment, si vous retenez cette option, il va falloir expliquer à vos gosses ce qu'est le droit à la vie privée de vos voisins.

Autre tendance forte cette année : les robots animaux de compagnie. Très sophistiquées, ces bestioles peuvent tout faire comme les vraies. On trouve même un chien qui pète et qui sème des crottes dans le salon. Il parait que c'est un produit dérivé de l'intelligence artificielle.

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Billet initialement publié ici.

samedi 28 novembre 2015

Salutaires

L'un, chef d'une des plus importantes communautés religieuse de la planète, prête ses discours subversifs pour un album de rock. L'autre, à la tête d'une grande Nation, invite ses concitoyens à défier les terroristes.

Le premier assure que le nom de Dieu « ne doit jamais être employé pour justifier la haine et la violence ». Le second évoque un « Dieu trahi » par « une horde d'assassins ».

L'un visite l'Afrique au mépris des menaces. L'autre se rend sur les lieux d'un attentat, faisant fi du danger. Vous les aurez reconnus.

Ces sont les deux François. Un pape et un président sous le feu d'une actualité déchirante, rassemblés par cette capacité à choisir les termes pour ciseler des paroles qui dépassent leurs camps, convictions et croyances. Des hommes qui trouvent les mots de la résistance pour nous donner le courage de tenir. Des paroles salutaires.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 27 novembre 2015

Claquemurée

Ainsi donc, au fil des attentats, des frontières se ferment, des murs de béton armé se dressent et l'industrie du fil de fer barbelé prospère.

Comme si les murailles, de Chine ou d'ailleurs, pouvaient protéger les peuples. Les envahisseurs se moquent des limites. Qu'il s'agisse de guerroyer ou de commercer, ils trouvent toujours leur chemin en dépit des obstacles. Ils se jouent des bornes et s'amusent à nous en effrayer.

Chacun sait pourtant que l'apartheid n'est pas une solution. Si les gens ne savent pas partager leurs différences, nous n'avons pas fini de dresser des clôtures entre les communautés. Et dans chaque foyer, il faudra verrouiller les portes, car l'ennemi de l'intérieur se niche partout.

Bref, cette France qui se prend, de sinistre mémoire, à rêver de vivre claquemurée, oublie que les murs les plus solides ne protègent pas des claques les plus violentes.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 26 novembre 2015

Photomaton

C'est le photomaton 2.0 ! Se tirer le portrait soi-même avec son portable est devenu un sport international et un marché juteux dans lequel se sont engouffrés les fournisseurs d'applications et les marchands d'accessoires.

La perche à selfie, notamment, fait des ravages. On se souvient de ce terrible accident, cet été, lors duquel un Britannique d'une cinquantaine d'années est mort au cours de l'ascension du mont du parc de Brecon Beacons avec son groupe d'élèves alors qu'il voulait immortaliser l'instant. La foudre avait été attirée par sa gaule à smartphone.

On a trouvé pire – si l'on peut dire – en France, cette semaine. Un jeune Lyonnais vient d'écoper de huit mois de prison dont quatre mois ferme pour avoir frappé des policiers qui lui reprochaient d'avoir pris des selfies dans le commissariat et au préalable à bord de leur véhicule. Ou comment passer des photos aux matons.

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Billet initialement publié ici.

mardi 3 novembre 2015

Les gueux

Mais d'où viennent ces vierges effarouchées par le « coup de com' » du passage de François Hollande chez Lucette Brochet ?

Sont-ce des poissons rouges ? Ont-ils oublié ce soir de janvier 1975 où Valéry Giscard d'Estaing et Anne-Aymone débarquaient chez un couple d'encadreurs, des « Français ordinaires », pour faire causette. La pluie, le beau temps, la santé, les sous… Devant les caméras de l'ORTF.

Et ces « Français ordinaires » du Salon de l'agriculture visités par Jacques Chirac ? Son terrain de jeu préféré… Qui a d'ailleurs beaucoup moins réussi à son successeur (« Casse toi pauv'con »).

Mais Nicolas Sarkozy s'est rattrapé par la suite. En janvier 2010, sur TF1, il répondait aux questions de onze « Français ordinaires » bien choisis…

Bref : rien de neuf. Depuis que les hommes vivent en société, ceux qui les gouvernent visitent les gueux. Avec parcimonie et couverture médiatique.

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Billet initialement publié ici.