lundi 21 mars 2016

Violence

« Tous unis contre la haine. »

Ces clips vont faire du bruit. Les images sont violentes. Trop ? Quand on fouine un peu sur les réseaux sociaux ou quand on lit les faits divers, on sait qu'elles sont malheureusement devenues aussi banales que les commentaires qui les accompagnent.

Cet « autre » qui n'a pas la même tête que le bon Français de souche redevient, comme à chaque crise, le parfait bouc émissaire.

Alors, quand la misère s'installe, quand on s'enfonce dans le déclin, des paroles aux actes, la frontière est poreuse. Maudire, insulter, cracher, bousculer, frapper… L'enchaînement de la violence débute toujours par une expression de haine. Les mots deviennent alors des armes, remplies d'une charge émotive dévastatrice.

Que des adultes les manipulent entre eux, on ne l'empêchera jamais. Qu'ils les transmettent à leurs enfants, là est la pire violence.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 17 mars 2016

Un papa, une maman ?

L'homoparentalité… Un sujet qui a déchiré la France pendant des mois au point que plus personne n'ose trop la ramener.

Et pourtant, c'est une question intéressante. L'argument du « contre nature » tient-il la route ? Voici une histoire qui devrait appeler chacun à un peu de mesure en ce qui concerne l'orthodoxie parentale selon mère nature.

Depuis quelques années, le zoo allemand de Bremerhaven conserve des manchots de Humboldt. Au sein du groupe, trois couples homosexuels se sont formés et ils sont restés soudés en dépit de l'introduction de nouvelles femelles.

Les responsables du zoo en ont fait un atout : ils ont chargé ces couples homosexuels de couver les œufs rejetés par certains des couples hétérosexuels.

Au final, un de ces couples homos a adopté l'œuf qui lui a été confié, nourrissant et protégeant l'oisillon sorti de sa coquille. Vous avez dit un papa, une maman ?

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Billet initialement publié ici.

mercredi 16 mars 2016

Direct

Quelle aubaine, ces chaînes d'info en continu. Non pas tant pour les téléspectateurs qui s'y abrutissent en se tartant une logorrhée ininterrompue d'infos répétées à foison et commentées par des brasseurs d'air jusqu'à plus soif.

L'aubaine, c'est surtout pour les malfrats, terroristes et autres dangereux énergumènes qui ferraillent avec les forces de l'ordre.

Comme on l'a vu mardi à Bruxelles, ces médias de l'instantané filment et reproduisent en boucle les interventions policières dans les moindres détails, y compris quand les autorités leur demandent de ne pas le faire.

Et pourquoi une telle demande ? Parce qu'en regardant ces chaînes, les fugitifs savent exactement où sont ceux qui les traquent.

Évidemment, on nous dira qu'il en va du devoir d'informer. Mais le jour où un policier sera ciblé et abattu grâce à ces images en direct, on en reparlera… en d'autres termes.

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lundi 14 mars 2016

Défaites

Lee Se-dol est-il un héros ? En terrassant AlphaGo, le programme informatique conçu par le géant Google, le champion du monde du jeu de go nous rassure sur l'issue du match entre le cerveau humain et l'intelligence artificielle.

C'est que, depuis le revers cuisant du champion du monde d'échecs Garry Kasparov contre l'ordinateur Deep Blue d'IBM en 1997, nous avions de quoi avoir des doutes. Mais Lee Se-dol n'a pas gagné la guerre. Juste une bataille.

Le plus cauchemardesque des scénarios hollywoodiens n'est toujours pas à exclure. Inéluctablement, chaque jour, la technologie prend le pouvoir. Comment ? Grâce à nous.

C'est ce que résume le développeur d'AlphaGo. Il s'est dit « heureux » de cette déroute, car elle lui a permis de découvrir les faiblesses de sa machine afin de l'améliorer. Bref, les victoires présentes sont souvent le terreau des défaites à venir.

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mardi 8 mars 2016

Honneur

La remise de la Légion d'honneur par François Hollande au prince héritier du royaume d'Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef, « pour tous ses efforts dans la région et dans le monde dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme » fait jaser.

Elle « suscite de vives critiques », comme on dit chez les vierges effarouchées qui n'osent pas crier au scandale.

Cela dit, ces dernières années, on a vu pire. En juin 2010, en pleine affaire Bettencourt, le ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth décorait Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal. En septembre 2006, Jacques Chirac remettait discrètement les insignes de grand-croix à… Vladimir Poutine.

C'est comme ça. L'attribution de la plus haute distinction française a des raisons que la raison n'explique pas. Les Légions foireuses sont légion et nul ne sait si notre honneur est sauf.

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samedi 5 mars 2016

Migrant business

Cette crise migratoire est une mine d'or. Électorale, d'abord, pour tous ces populistes du Vieux Continent qui se refont une santé en criant à l'invasion.

Au sens strict du terme, aussi. Les passeurs s'en sont mis plein les poches, tout comme les vendeurs de bateaux pneumatiques et de fil de fer barbelé. Et depuis, ça continue. Au plus haut niveau. Les pays de l'Union européenne négocient ferme.

On fixe le cours de l'exilé, son coût moyen par tête. Bientôt, ces nouveaux quotas détermineront les plans d'aide. Quand le Royaume-Uni menace de sortir de l'UE (le fameux Brexit) s'il n'est pas davantage aidé, tout est dit. La réplique d'Emmanuel Macron (la France ne retiendra plus les migrants à Calais si le Royaume-Uni sort de l'Union européenne) est un chantage à la même hauteur.

Ces pays de l'UE qui marchandent l'accueil des migrants sont-ils meilleurs ou pires que les passeurs qui les ont rackettés ?

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vendredi 4 mars 2016

Révolutionnaire

Alors que la plupart des artistes de son temps s'adonnaient aux révolutions, insurrections et autres causes perdues, Serge Gainsbourg, lui, avait choisi un autre terrain.

Pas de chanson engagée, pas d'appel au soulèvement des prolétaires contre le grand capital. Non. Des mots. Juste des mots, judicieusement choisis, formidablement ciselés, précisément ajustés et délicatement subversifs.

Et des mélodies sublimes, harmonieusement composées, magistralement intemporelles, fabuleusement inusables. Alors on se retrouve, vingt-cinq ans après sa mort, à écouter cette œuvre et on se rend compte qu'elle fait partie de notre culture, ancrée dans notre histoire commune. Elle relie des générations n'ayant plus rien de commun.

Gainsbourg n'a pas conduit les masses à changer le monde, mais chacun à le regarder autrement. C'est en cela qu'il est révolutionnaire.

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Billet initialement publié ici.