mercredi 20 février 2013

Camarade capitaliste

Le Français n'a pas le moral, réduit sa consommation, craint pour son avenir et doute de tout. Certes, il est râleur par nature, mais là, tout de même, certains baromètres semblent démontrer qu'il ne croit plus en rien.

La politique ? Pensez-vous. Le Français dégrade la popularité de ses édiles à peine élus. L'économie ? Pas mieux. A ce propos, on notera qu'un quart des Français estiment qu'il faut abandonner le système capitaliste (20 % jugent qu'il fonctionne « plutôt bien ») selon un récent sondage Ifop-La Croix.

On notera aussi que dans cette étude, internationale, 55 % des Brésiliens et 56 % des citoyens des États-Unis conservent une opinion favorable sur le système capitaliste.

Mais le record de foi dans le système, ce sont les Chinois qui le détiennent avec 58 % d'opinions favorables au grand capital. Le Parti communiste chinois est décidément redoutablement efficace.

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Billet initialement publié ici.

Sapiens

L'actualité nous renvoie parfois à notre propre nature.

Les homosexuels ont-ils le droit d'entrer dans le club de la parentalité jusqu'alors réservé aux sexes opposés ? Et les enfants, une fois leurs géniteurs séparés : qui peut légitimement en assumer la garde ? La mère ? Le père ? Voilà pour la reproduction.

Et on s'interroge aussi sur l'alimentation. Depuis que nous avons confié à d'autres le soin de chasser les bêtes dont nous nous nourrissons, on vole de crises en déconvenues. Les chevaux se déguisent en raviolis ou en pizzas pour faire irruption dans notre alimentation. On se souvient des farines animales dont on nourrissait hier les vaches folles. On en donnera demain aux poissons…

Qui peut faire des enfants ? Qui doit les garder ? Qu'est-ce qui se cache dans nos assiettes ? Pourra-t-on encore les remplir demain ? On se pose des questions sur notre humanité. Comme tous les homo sapiens.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 7 février 2013

Opposition constructive

C'est drôle de voir la représentation nationale s'écharper en tricolore sur le droit de la famille. Enfin, drôle... pas pour le citoyen et le contribuable que je suis, ça, je ne cesse de le dire.

Non. C'est le père que je suis aussi qui trouve ça drôle. L'obstruction parlementaire (pratiquée avec zèle par chaque camp dès qu'il se retrouve dans l'opposition) témoigne d'une effroyable méconnaissance des principes élémentaires d'éducation.

Je vais faire simple. Une majorité qui se lance dans une réforme est souvent vue par l'opposition comme un gamin irresponsable qui s'apprête à faire une connerie irrémédiable. Dès lors, l'opposition se sentant soudain investie du rôle de parent prudent tire la sonnette d'alarme : "Attention, mon garçon (ou ma fille) t'es en train de faire une grosse bêtise". Quand c'est dit, c'est dit. Est-ce la peine d'en rajouter 5.000 couches ?

Ceux qui ont déjà essayé d'élever des enfants (qu'ils soient homos ou hétéros, je m'en fous) le savent : plus on leur dit qu'ils font une ânerie, mieux ils la font. J'ai compris, pour ma part, qu'après les avoir prévenus solennellement une fois, le plus pédagogique était de les laisser poursuivre afin que, une fois la véracité de la connerie établie après son accomplissement, je puisse leur expliquer comment ils étaient tombés dedans afin que, la prochaine fois, ils réfléchissent davantage avant d'agir. Les enfants se construisent en s'opposant, c'est comme ça.

Bref. Si tant est que ce mariage pour tous soit une connerie, ce que je ne crois pas mais que, dans ma grande mansuétude démocratique, je laisse à d'autres le droit de croire, Mesdames et Messieurs de l'opposition, laissez-moi vous donner un conseil de bon père de famille. Laissez cette majorité faire. Vous aurez beau vous agiter, ça ne changera rien car, comme disait Dédé Laignel en 1981, étant politiquement minoritaires, vous avez juridiquement tort.

Profitez de cette chance que représente le fait de séjourner dans l'opposition : quand on n'est pas aux affaires, on retrouve le temps de réfléchir, de prendre de la distance, d'élaborer un projet, un vrai. L'opposition, c'est un peu comme un licenciement. Ça fait mal, mais on peut en profiter pour faire un bilan de compétences, préparer une reconversion, refaire le monde et prendre son avenir en main.

Et puis après tout, ça n'est pas grave parce que ça n'est pas irrémédiable : si vous avez raison, le peuple éclairé vous confiera les clés du pays dans cinq ans (c'est si peu) et vous aurez le droit de modifier le code civil. Certes, le pays aura changé, quelques dizaines de milliers de couple homos auront convolé en justes noces, mais ça n'aura pas changé la face du monde.

Enfin voilà, quoi : laissez les enfants se construire en s'opposant. Cultivez l'opposition constructive.