vendredi 31 octobre 2014

Vierge effarouchée

On peut comprendre la colère de Jean-Vincent Placé quand il a appris que Xavier Beulin, président de la FNSEA, parlait de « djihadistes verts » pour évoquer les débordements en marge des manifestations contre le barrage de Sivens.

Cette dérive de la violence métaphorique pourrait nous conduire dans de dangereux dérapages incontrôlés si nous laissons filer les images foireuses.

On imagine déjà les gauchistes donner aux ultralibéraux de l'« intégriste du marché ». L'extrême droite ne tarderait pas à qualifier les partis de gouvernement
d'« apôtres du système ».

A l'extrême gauche, les médias seraient aussitôt qualifiés de « suppôts de la pensée unique » et les libertaires évoqueraient, à propos des opposants au mariage pour tous, les « talibans de la bistouquette ».

Pire, ils se pourrait qu'on finisse par entendre ici ou là dire que Jean-Vincent Placé joue la vierge effarouchée.

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Billet initialement publié ici.

lundi 27 octobre 2014

Comme les autres

Les médias ? Marine Le Pen n'aura pas hésité à venir à Calais pour y évoquer la situation migratoire : comme tous les partis politiques, le FN ne rechigne jamais à surfer sur les thèmes porteurs pour s'accaparer du temps de cerveau disponible.

Les affaires ? A Hayange, les électeurs du nouveau maire FN n'ont pas fini d'avaler les couleuvres et les mauvais comptes de celui qui faisait hier campagne sur la propreté de ses mains.

La démocratie interne ? Comme dans tous les partis, au FN, on sait faire le ménage : Maxence Buttey, conseiller municipal de Noisy-le-Grand, vient d'être « suspendu provisoirement » pour avoir envoyé à ses cadres une vidéo afin d'expliquer sa conversion à l'islam.

Bref, comme ne cesse de le rappeler sa présidente, il faut que cesse la diabolisation. Course aux audiences, affaires et purges : le Front national est un parti comme les autres.

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Billet initialement publié ici.

mercredi 15 octobre 2014

Bande de gueux

Vous imaginiez vraiment pouvoir bénéficier d'une baisse des tarifs autoroutiers ?

Depuis que nos féodaux ancêtres lèvent l'impôt, on les a rarement vu accepter d'en exiger moins pour faire plaisir au peuple. Taille, gabelle, fouage, octroi, chevage, cens, champort, dîme ou forage, nous devions nous acquitter ou périr. L'impôt ne se conteste pas. Il faut s'y soumettre.

Certes, dans les sociétés médiévales, l'opinion de la plèbe comptait pour du beurre et du fromage, mais on pouvait s'attendre, depuis l'introduction révolutionnaire du suffrage universel, à ce que le pouvoir soit devenu un peu plus attentif à ses sujets. Mais non.

Et puis curieusement, l'État a eu l'idée de privatiser la gestion des autoroutes… au moment où elles allaient devenir rentables.

Des questions ? Circulez, bande de gueux, il n'y a rien à voir. Mais n'oubliez pas de payer votre droit de passage aux sociétés concessionnaires.

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Billet initialement publié ici.

mercredi 8 octobre 2014

Grands malades

Nicolas Sarkozy pouvait-il ignorer l'existence de Bygmalion ? C'est compliqué.

Il est toujours assez facile et souvent injuste de casser du sucre sur le dos des puissants. Au-delà des turpitudes qui éclaboussent la classe politique, ces (quelques) femmes et ces (nombreux) hommes exercent un métier qui comprend des risques et dont on commence à cerner certaines pathologies.

Les scientifiques qui se penchent sur la question remercieront Thomas Thévenoud pour sa récente découverte de la « phobie administrative ». Une maladie du pouvoir à ajouter à la « spirale du mensonge » de Jérôme Cahuzac ou aux « troubles de la personnalité » de DSK.

Enfin, n'oublions pas ce mal terrible qui fait qu'un patient atteint d'une maladie ou d'un handicap ne semble pas avoir conscience de sa condition : l'anosognosie de Jacques Chirac.

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mardi 7 octobre 2014

L'irrémédiable

Les "partis de gouvernement" ont une lourde responsabilité.

Si l'UMP et le PS ont un minimum de conscience politique, ils doivent comprendre qu'en 2017, ils offriront un boulevard à Marine Le Pen en présentant des candidats sortants ou connus, des ankylosés de la politique, des cumulards de mandats, ces professionnels politocards qui nourrissent depuis des années le vote de rejet.

Pour contrer le front de la haine, le courage politique des partis démocratiques sera de présenter aux électeurs des femmes et des hommes neufs, non issus des sérails, libres et déterminés à bouleverser les ordres établis.

Choisir d'autres chemins nous conduira inéluctablement vers l'irrémédiable.

Polyglotte

« My government is pro-business ! » (« mon gouvernement est ouvert aux affaires »), a lancé lundi Valls à la City de Londres, devant un parterre d'acteurs financiers britanniques.

Voici un mois, à la tribune de la Festa dell'Unità, à Bologne, en Italie, le Premier ministre français s'exprimait en italien aux côtés de Matteo Renzi pour dire sa volonté de rassembler une gauche européenne unie.

Un an plus tôt, alors ministre de l'Intérieur, le fils de l'artiste catalan Xavier Valls, invité de la matinale de Catalunya Radio, à Barcelone, était interrogé par Mónica Terribas. Et il répondait… en catalan !

Une mère suisse, une maison familiale au Tessin, le canton italophone de la Confédération helvétique… Manuel Valls est un premier ministre polyglotte : il peut causer à la planète entière. Souhaitons-lui d'être aussi compris par tous les Français.

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jeudi 2 octobre 2014

Cabots

Le chien est le meilleur ami de l'homme, c'est bien connu. Enfin, depuis qu'il le domestique, ce qui n'est pas toujours le cas.

On se souvient des révélations, cet été, d'employés du Mobilier national, l'institution héritière du Garde-Meuble royal, sur les meubles du salon d'argent de l'Élysée qui ont été retrouvés en piteux état : les clébards du précédent locataire, Nicolas Sarkozy, avaient rongé les accoudoirs en becs de cygne des fauteuils.

Et voilà qu'un doberman de Jean-Marie Le Pen, le président d'honneur du FN, n'a fait qu'une bouchée d'une des chattes bengalaises de sa fille Marine, contraignant cette dernière à déménager.

Quand on songe que la domestication des canidés remonte au Paléolithique, il y a environ 200.000 ans, on se dit que certains maîtres ont dû rater des épisodes de l'évolution de l'espèce humaine.

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mercredi 1 octobre 2014

Fidéliser le client

Comme on dit dans les écoles de commerce : « Un client satisfait en parle à deux ou trois personnes, un client mécontent à énormément d'autres ».

C'est un des fondamentaux du marketing : trouver des clients est une chose ; les satisfaire pour les garder en est une autre.

Il faut « amplifier l'intérêt du client à consommer la même marque, le même produit en lui offrant un privilège, c'est-à-dire un avantage que les autres n'ont pas ». Voilà pour la théorie.

En pratique, c'est parfois beaucoup plus terre à terre, comme un jeune Chinois a pu récemment en faire l'expérience. Placé en détention après une contrôle positif à l'opium lors d'un test urinaire alors qu'il n'est pas toxicomane, il a demandé à ses proches de mener l'enquête.

Ces derniers ont découvert que le restaurant où le garçon allait souvent mettait de l'opium dans ses plats pour faire revenir les clients.

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Billet initialement publié ici.