vendredi 26 octobre 2012

Panem et circenses (bis)

Faut bien distraire le peuple. Et chaque jour, c'est pire. J'ose pas revenir sur le bilan de la semaine écoulée dans les arènes de l'information pipolitique. Entre les conseils matrimoniaux de Carla ("Il me semble qu'il est plus simple d'être l'épouse légitime du chef de l'Etat que sa compagne") et le revival de Ségolène ("A un moment, il faudra que je rentre dans le dispositif"), les pains abondent et tout le monde joue. A quoi ? Je ne sais pas.

Mais le meilleur - ou le pire, c'est selon - c'était évidemment jeudi soir, chez Pujadas. Des (petits) pains (au chocolat) et des jeux, Copé sait faire. Mais je ne vais retenir qu'un de ses plus beaux numéros : les alliés de la gauche extrême du PS (ne) sont (pas) pires que ceux de l'extrême droite que l'UMP convoite. Juste une remarque en passant : quand on revendique sa résistance, il est préférable de ne pas oublier quel camp avait choisi le PCF à l'époque évoquée par la notion. Mais bon. Nous n'en sommes plus à une trahison de mots près.

Ce qui m'amène à la deuxième trahison de mots, celle de l'autre : Fillon. Il préfère l'assimilation à l'intégration, et ça vaudrait même une réforme constitutionnelle. L'argument de fond : la France - historiquement diverse et variée grâce à des immigrés devenus plus Français que les Français - n'a plus les moyens d'accueillir les étrangers aussi dignement qu'avant.

Là, mon sang de Ch'ti n'a fait qu'un tour. J'ai passé mon enfance et ma jeunesse entre les fabriques du textile, la vallée de l'acier et le bassin minier et je peux vous la chanter à la Bachelet ou vous la réciter à la Zola : au Nord, c'était les corons (pour les immigrés). Et si c'était des conditions d'accueil dignes, brûlons les derniers exemplaires de Germinal en circulation dans les bibliothèques de France.

Enfin voilà, quoi. Panem et circenses : on a encore servi au petit peuple du pain et des jeux. Sauf que le pain est rassis et les jeux de moins en moins divertissants. Au point que j'en viens à penser qu'à ce rythme, le petit peuple va finir par avoir envie de jouer à mettre des pains. Et on sait bien à qui ça profitera.

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J'ai intitulé ce billet Panem et circenses (bis) parce que j'ai déjà titré un billet Panem et circenses sur ce blog. Vous pouvez - ou pas - y voir un rapport.

lundi 15 octobre 2012

J'hallucine

Donc, Peillon, qui avait pourtant raison, a été recadré par Ayrault. C'est dommage.

Pour des raisons de calendrier, nous avons donc encore raté une occasion de parler des sujets importants, ceux qui touchent la vie des Français au quotidien. Le cannabis, ses naufragés et ceux qui savent en profiter. Marine sourit en attendant son heure.

Les dépendances, ça me semblait pourtant intéressant dans un pays de toxicomanes. Car selon mes calculs, en effet, la patrie est en danger.

Pour résumer : 13,4 millions de Français ont déjà essayé le cannabis, 10 millions prennent des psychotropes, cinq millions sont alcooliques, cinq autres millions sont accros au sexe, un million sont victimes de troubles du comportement alimentaire et 600.000 sont touchés par l'addiction aux jeux d'argent. Ne pas oublier les 14 millions de fumeurs de tabac, ce qui nous mène à un total de 35 +14 = 49 millions de toxicomanes.

Et comme me l'ont fait remarquer @lucnat1 et @saramoki : la liste n'est pas exhaustive. J'ose pas ajouter les workaholics, parce que là, ça fait plus de Français toxicos que de Français : avec un actif sur deux (sur une population active de 31,2 millions), ça nous donne une quinzaine de millions de dépendants à ajouter aux 49 millions d'autres, soit 64 millions. Sachant que la France compte 64 millions d'habitants...

J'imagine, évidemment, que certains cumulent l'alcool, la clope, les médocs, le chichon, le cul, le casino et tout le reste. Certes, les lobbies de l'industrie pharmaceutique, du tabac, des jeux, du sexe, de la bouffe et de l'alcool sont peut-être plus puissants que celui du blanchiment de la dope (cela dit, j'ai des doutes), mais tout de même...

Bref, j'hallucine.

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Mise à jour du 16 octobre, 13 heures : si l'affaire Lamblin à l'origine de ce débat avait porté sur du blanchiment d'argent dans le marché de l'art au lieu du chichon, ça rendrait la réforme de l'ISF plus drôle. Du coup, tant que j'y pense, faudrait peu-être songer à soumettre à l'ISF les barons de la drogue et les dealers, ça permettrait de les exiler fiscalement.

vendredi 12 octobre 2012

De chair et d'os

Envie de manger, soif d'apprendre, désir de goûter, besoin de prendre... L'être humain est fait de chair et d'os. Certains ont même inscrit dans les tables la date de naissance de l'espèce : le jour où la chair de l'un serait sortie de l'os de l'autre.

Bref, on dort, on boit, on mange, on fornique. On se nourrit de choses matérielles ou immatérielles qui nous donnent souvent du plaisir, parfois du dégoût, mais toujours de la consistance.

Malbouffe et mal-baise sont les pendants de cet art de vivre, car il n'est pas à la portée de toutes les bourses. L'animal politique connaît des fortunes diverses.

La politique, justement, nous laisse parfois sur notre faim. Pour en observer les moeurs, pas plus tard qu'hier, je me suis repassé en boucle une émission de télé comme on décortique un poulet. La pipolitique, ses secrets de fabrique, sa recette cachée... On tourne autour du pot depuis que la chair est née de l'os de l'autre.

Les forts en gueule sont-ils gourmands sous la ceinture ? Les puissants de la chose publique le sont-ils aussi au lit ? Autant de questions que le fidèle, le sujet ou le citoyen se posent, car l'homme a envie de manger, soif d'apprendre, désir de goûter toutes ces choses matérielles ou immatérielles qui nous donnent souvent du plaisir, parfois du dégoût...

La femme de Jésus, les favorites du roi, les ex du président ou de sa compagne, ça a toujours mis l'eau à la bouche, et même si ça ne nourrit pas son homme, ça ne mange pas de pain.

En tout cas, moi, j'avoue, les goûts de ceux qui dressent le menu quotidien, ceux à qui nous avons donné le droit de nous mettre à la diète ou de nous refiler du rab, ça m'a toujours mis en appétit, vu que je suis fait de chair et d'os.

dimanche 7 octobre 2012

Antithèse

Laissons faire Marine, Jean-François et les autres colporteurs des thèses du front national. Pourquoi ? Parce que c'est la meilleure façon de les tuer - politiquement, je veux dire - à petit feu.

Je l'ai déjà dit : plus ils ressassent et refourguent les mots des fafounets, plus ils se fourvoient tous et c'est là que ça devient intéressant.

L'homme blanc, sa supériorité et toutes les fariboles, balivernes et autres fadaises qui en découlent ne méritent pas qu'on se fatigue à les démystifier ou qu'on s'use à les démythifier.

En revanche, on peut croire, comme ça s'est souvent produit dans l'histoire, que la haine et le rejet de l'autre sont un processus d'autodestruction efficace.

Dans leur course folle pour trouver la solution finale à leur problème fondamental, les anti-racistes-anti-blancs purs finiront bien par avoir la peau des anti-racistes-anti-blancs impurs.

Ensuite, on peut parier qu'à l'intérieur même de la famille des anti-racistes-anti-blancs purs sortie victorieuse se dégagera un groupe d'anti-racistes-anti-blancs purs intégriste qui trouvera moyen d'exterminer - politiquement, je veux dire - les anti-racistes-anti-blancs purs pas assez purs.

Toute thèse trouve son antithèse et ses racistes antithèse.