dimanche 30 octobre 2011

Une nuit

Des politiques qui établissent des programmes dans le but de les présenter au suffrage universel, ça doit être trop simple. Des sondages qui permettent de savoir si ceux qui ont été élus ou ceux qui prétendent l’être bénéficient d’une opinion favorable ou non du corps électoral, c’est probablement devenu ennuyeux.

Heurerusement, la pipolisation de la politique est là pour divertir les esprits lassés par le train-train quotidien d’une démocratie ordinaire et pimenter un peu cette union - passionnelle certes, mais qui s'use parfois - entre le peuple et ses représentants.

Fort de ce constat, l’hebdomadaire Closer a jugé utile de commander un sondage à l’institut Harris Interactive sur le potentiel de séduction des politiques français. Ségolène Royale fait fantasmer la majorité (52,1 %) et c’est avec Arnaud Montebourg que le plus grand nombre de personnes interrogées (48,2 %) rêve de passer une nuit.

A croire que les fantasmes finissent tués par les 1.825 autres nuits que dure un quinquennat.

samedi 29 octobre 2011

Du pareil au mème

Le mème existait avant.

Les religions n'ont accouché d'autres idoles et doctrines que celles révélées par des hommes qui avaient pris note de propos entendus auprès de certains de leurs semblables qui racontaient des dires rédigés plus ou moins honnêtement d'après les récits de ceux qui racontaient comment ils avaient vu l'ours.

Les dogmes économiques et politiques ont suivi le même chemin. De travers. Dans le même chambardement d'incertitudes, de renoncement et de manipulations.

Aujourd'hui les réseaux et les écrans ont industrialisé la production. Le taux de reproduction malencontreuse de la foi, des faits et des certitudes s'est décuplé, universalisé, quand dans le même temps les émetteurs de pensées - morts, absents ou complices - ont fui le réel pour les certifier.

A chaque instant cette marmelade intellectuelle s'étale et nous en mangeons des tartines qui nous laissent sur notre faim. Celle du corps ou de l'âme. Du pareil au mème.

mardi 18 octobre 2011

Tant

Il faut laisser du temps au temps, même quand, toutes antennes déployées, pris dans l'immédiateté, on se sent irrité par des parasites. Il se peut que ce soit juste un brouillard électronique qui brouille l'image. Bref : savoir rester sage quand on prétend l'être.

C'est probablement ce manque de sagesse qui explique la fixation du CSA sur le PS : pourtant réputé indépendant, il se retrouve sur la même longueur d'ondes que certains politiques.

La primaire socialiste n'aurait été inventée que pour s'emparer du pouvoir médiatique, remplir les lucarnes, occuper le terrain jusqu'aux derniers pixels des quatre coins de l'écran. D'ailleurs, il s'est même murmuré que ça n'était pas le PS qui avait conçu le programme, mais une société de production de téléréalité.

Cela dit, c'est assez effarant d'entendre aujourd'hui quelqu'un se plaindre de ne pas savoir où trouver un poste dans lequel causer quand on voit l'augmentation vertigineuse de l'espace médiatique ces dernières années.

Oubliée, l'antienne hertzienne. Elle est révolue, l'époque où la voix de la France et celle des ondes ne faisaient qu'une. Tant de temps de parole et tellement de chaînes... C'est un peu le far west : l'espace médiatique semble s'étendre à l'infini et il faut le conquérir en permanence.

A croire, même qu'aujourd'hui, pour ne pas se retrouver dans le journal de Claire Chazal ou de l'un ou l'autre de ses collègues - pour peu qu'on dispose d'un minimum de notoriété - il faut vraiment être allergique aux caméras. Ou n'avoir rien d'intéressant à dire. Ou avoir enchaîné tellement de mauvaises audiences sur les programmes précédents que plus personne n'a envie de vous entendre.

La loi de l'audimat est cruelle. Les chaînes sont impitoyables et le public ingrat. C'est comme ça. C'est la loi du marché audiovisuel et, hormis quelques irréductibles gauchistes, tout le monde s'y soumet et beaucoup la promeuvent. On ne va tout de même pas se mettre à regretter les messes cathodiques des antennes d'antan. Si ? Vous m'en direz tant.

jeudi 13 octobre 2011

Formol

Alors ? Forte ou molle, la gauche de demain ? On verra à l'usure.

Mais cette question de morphologie est importante : si la gauche devient folle, elle est morte assurent les uns, tandis que les autres craignent qu'une gauche amorphe finisse par plonger l'électeur dans les bras de Morphée.

En effet, ça n'est pas qu'une question de forme : si la gauche venait à formuler des réformes malformées, elle pourrait morfler, voire même se faire démolir par une droite mortelle.

Elle doit donc resserrer les boulons à grands coups de clé à molette pour être formidable. Trouver une sorte de synthèse où la fusion de la gauche molle et de la gauche forte ne finisse pas dans le formol.

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Mise à jour du 17 octobre 2011, au lendemain du second tour de la primaire du PS. Pour être parfaitement cohérent avec le fond de ma pensée sur ce que je crois susceptible de se produire en avril 2012 : je ne sais pas si Hollande c'est la gauche molle, mais je suis certain que Le Pen, c'est la Gaulle moche.

samedi 8 octobre 2011

Permanence

Je suis un grand naïf. Vingt ans de journalisme. J'ai la chance d'avoir pu l'exercer aussi bien en région qu'au national. Au ras des pâquerettes et dans les hautes sphères. Croiser les vues donne de la dimension.

La grande idée de la Démocratie que je me fais depuis longtemps, j'ai pu ainsi la confronter au réel et au virtuel.

Ce qui m'a toujours poussé, c'est la notion de fidélité au mandat, cette capacité des élus à rester attachés à leurs électeurs ; leur aptitude à vérifier qu'ils ne s'écartent pas de la mission que ces derniers leur confient.

J'ai vu sur chacun des territoires où j'ai travaillé fonctionner les permanences des élus, les tournées de marchés, les passages aux dîners de vieux et dans les assoces de jeunes. J'en ai couvert, des conseils de quartiers et des rendez-vous participatifs.

J'ai toujours été impressionné par les moyens que les élus consacrent à ces rendez-vous IRL : des locaux, du personnel salarié, des heures précieuses de leur temps. J'ai cru que cet effort, ces femmes et ces hommes qui nous gouvernent seraient capables de le transposer URL. Grand naïf, je suis même convaincu que c'est en le faisant qu'ils peuvent la rajeunir, cette Démocratie vieillissante.

Alors j'ai regardé comment ils se comportent ici, ces représentants du peuple. En bientôt trois ans sur Twitter, j'ai reçu moins d'une dizaine de réponses à une centaine de questions d'intérêt général (oui, j'ai tenu la comptabilité) posées aux politiques. Et je dois préciser que ce sont la plupart du temps des assistants - que je salue pour leur dévouement - qui ont pris la plume.

Pourquoi ce mépris de l'URL ? Parce qu'IRL, quand un concitoyen rencontre son élu lors d'une de ses permanences, il peut en naître une relation redevable susceptible de produire des dividendes électoraux. En face, la reply à un tweet, ça vaut peanut. A moins qu'il ne s'agisse de converser avec un blogueur influent ou une pointure de la presse nationale pour s'assurer un peu de notoriété.

Je crains autant la permanence des élus que celle de leurs mauvaises habitudes.

lundi 3 octobre 2011

Destinée

Je ne sais pas ce qui me gonfle le plus. L'hyperprésidentialisation du régime ou ceux qui l'entretiennent.

En terminale, à la lecture de Rousseau ou de Hobbes, j'avais fini par croire qu'un président de la République digne du nom de cette dernière n'est qu'un réceptacle de voix agglomérées ne valant ni plus ni moins que celles figurées par la représentation nationale.

Un an plus tard, les cours de droit constitutionnel venaient contrarier cet idéal : il fallait bien mettre les valses gouvernementales au pas. L'instabilité, défiant toutes les lois de la mécanique, tendait à l'inertie. Admettons. Il fallait admettre. J'ai admis la nécessité du 4 octobre 1958.

Et nous voilà un demi siècle plus tard dans le même pays, avec les enfants et les petits-enfants des mêmes citoyens. Le niveau a-t-il baissé depuis qu'on a décidé d'emmener les huit dixièmes d'une classe d'âge au bac, je n'en sais rien.

Les tribuns n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour pousser la plèbe au meilleur. Les parents ont déconné, l'éducation a merdé, la télé en a profité... Je ne sais pas qui a commencé. Mais ce qui me consterne n'est pas là. C'est ailleurs.

Ce qui m'afflige, c'est qu'au fil des décennies de cette Ve République on nous a – ou nous nous sommes – habitué(s) à l'idée que pour qu'elle fonctionne, cette Démocratie moderne, il lui fallait un patron. Un vrai. Le mec qui voit pour nous et qui décide à la place des autres, parce que sinon, tous ces avis contradictoires, ça finit pas un bordel innommable. Bref, un seul ego pour les gouverner tous.

Même au PS, où j'ai pourtant cru qu'au milieu des ruines du mur de Berlin on aurait eu la sagesse de ramasser quelques petits cailloux du collectivisme pour les garder en souvenir ou pour coller des scrupules aux despotes en marche. Je crois même que les primaires ne vont servir qu'à trouver lequel de tous les potentats potentiels sera plus puissant que les autres.

Voilà donc un candidat sortant de plus en plus isolé qui se retrouvera confronté à un adversaire qui aura tout fait pour se retrouver seul. Pour présider à quoi ? Nos destinées ou la sienne ?