mercredi 28 septembre 2011

Œuf

L’astronomie, c’est un peu comme une cuisine : les cieux sont remplis d’aliments et de condiments qui ne demandent qu’à être savamment assemblés.

De la constellation de la Dorade en plat de résistance à la nébuleuse planétaire de l’Esquimau en dessert, sans oublier celle du Crabe en entrée (j’en passe et des meilleures), la carte de ce restaurant astral est alléchante. Mais voilà une découverte qui devrait l’enrichir encore.

Des astronomes de l’Observatoire européen austral ont photographié une étoile située à quelque 13.000 années-lumière dont le cœur, parfaitement rond et beaucoup plus vif que son contour blanc un peu brouillé, lui vaut d’avoir été baptisée "nébuleuse de l’Œuf au plat".

On peut aussi accommoder un aussi bel œuf autrement : avec un peu de voie lactée et quelques coups de fouet, il doit y avoir moyen de concocter un bon lait de poule.

lundi 26 septembre 2011

Mathématique

Voilà donc un basculement historique. Le Sénat à gauche. Tout a été dit, écrit, commenté sur cette première sous la Ve République qui n'est en fait pas une surprise. Les projections les plus sages annonçaient cette révolution "mécanique" en 2014. D'où les réactions, à droite :

Une déception mais pas une surprise (...) C'est mathématique...

Il faut toujours se méfier de l'argument "mathématique". S'il est incontestable que la sociologie électorale est capable de dégager, à partir de résultats et de tendances recueillis sur la durée, des projections fiables, il n'en reste pas moins que la réalité d'une élection repose sur son corps électoral, fait de chair, d'os, et dont les humeurs font parfois tomber les déterminismes les mieux assis.

D'où la précipitation en 2011 de la bascule du Sénat annoncée en 2014. Qu'est-ce qui a fait mentir les chiffres ? La réalité humaine, les conditions matérielles d'existence de ces élus locaux dont j'avais dit, voici un peu plus de dix ans, dans une enquête qui n'était pas restée lettre morte qu'ils allaient mal. Permettez-moi de me citer :

Toutes les réformes institutionnelles des collectivités territoriales ces dernières décennies ont fait en sorte de rendre les maires inutiles, caduques, désuets. Tout a été joué par nos gouvernants comme si la France des villages était condamnée. Alors messieurs qui détenez le pouvoir, messieurs les députés, sénateurs et autres maires de France qui ont réussi en politique, si vraiment cette France-là est condamnée, dites-le nous franchement, qu’on prépare dès à présent ses funérailles et qu’on organise la succession. Car il faut voir de quoi le demain politique sera fait.

Non seulement en dix ans aucune réponse claire n'a été apportée à cette question, mais de transferts de charges en réforme des collectivités locales, de baisse des dotations de l'État en hésitations des banques à leur prêter de quoi lancer des projets, les lendemains ont déchanté.

Bref, les grands électeurs de dimanche se sont transformés en tout petits élus, à peine plus grands que leurs concitoyens. Un rapetissement que les mathématiques n'expliquent pas.

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Vous pouvez écouter ce billet ici.

jeudi 22 septembre 2011

Fable

C'est une histoire inénarrable, de femmes et d'hommes en tailleurs et costards impeccables, aux moeurs irréprochables.

Mais pour une raison inexplicable, à cause d'affaires inempêchables, de magistrats implacables (ou indécrottables, c'est selon), de journalistes intraitables (ou incapables, c'est aussi selon) et d'élus inapprochables, nos doutes inébranlables sur la république irréprochable vacillent. C'est implacable.

Pire, de valises introuvables (merci @flying_dunneley) en États insolvables, de pertes incalculables en rumeurs intolérables, on en vient à trouver lamentables les experts incontestables.

Les coupables ? Introuvables. Intraçables. Un mystère insondable, rendant de façon inimaginable les troupes embrigadables dans les rangs - y compris les moins respectables - de ceux qui d'un revers de la main veulent nettoyer la table.

Inexcusable ? Impardonnable ? Intolérable ? Minable ? Je préfère imaginer que tout ceci n'est qu'une fable.

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La version audio de ce billet est ici.

mardi 20 septembre 2011

Faute morale

Des mœurs, des fautes, de la morale... Décidément, la revue de presse du jour sent le retour à l'ordre...

DSK à la télévision : Faute, audience et règlement de comptes.
Nucléaire: Besson accuse Joly de " mensonge " ou de " faute ".
Le ministre UMP Laurent Wauquiez a pointé mardi sur Itélé une "faillite morale" du PS.
Villepin-Chirac : Royal dénonce des mœurs politiques "dégradées".

La "vertu républicaine face aux affaires" a déjà pointé le bout de son nez. Les donneurs de leçons en "rectitude politique" vont débarquer... D'ici à ce que les lapidations, l'inquisition et les autodafés reviennent, il n'y a qu'un pas.

Comme disait André Comte-Sponville...
La morale n'est légitime qu'à la première personne. La morale ne vaut que pour soi ; pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.

Parler de faute morale est une faillite politique.

mardi 13 septembre 2011

La bourse du péquin

Est-ce qu'un gros renfort de bourses peut arriver à pied par la Chine ? Excusez-moi : je n'ai pas pu résister à l'envie d'avoir recours à cette contrepèterie - probablement la plus éculée du genre - pour introduire mon sujet.

Car oui, la question se pose : à quoi joue la Chine dans cette crise boursière que nous traversons ? Un autre éculé du genre, premier enfant d'une famille de la petite bourgeoisie milanaise, semble aimer la course de fonds sur la grande muraille. C'est le Financial Times qui posait il y a peu la question : et si Pékin venait à la rescousse de Silvio Berlusconi, par ailleurs vénérable maître en chinoiseries diverses.

Ni une ni deux, les marchés se sont rassurés. Mais deux et trois, ils se sont ensuite effondrés. Il n'empêche : la Chine s'intéresse de très près à la zone euro et souhaiterait même étendre sa coopération financière, économique et en matière d'investissements avec l'Europe.

Mais voilà le problème : notre Euro fort - si tant est qu'il le reste - ne le serait que parce que le Yuan fait semblant d'être faible. Et là, ça achoppe.

Bref, vous l'aurez compris, comme dirait l'autre dont j'ai oublié le nom - ça doit être l'anosognosie - entre la bourse de Pékin et celle du péquin, difficile de toucher l'une sans faire bouger l'autre.

jeudi 8 septembre 2011

Coca light

Comme disait Patrick Le Lay en 2004, "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible". Que fait Coca-Cola avec ces bouts de cervelles ? Elle communique pour défendre son lot quotidien (1,5 milliard d'unités) de bouteilles vendues dans le monde. Et elle y arrive... sauf quand la politique s'en mêle.

Salée, l’addition du manque à gagner induit par la taxe sur les sodas sucrés : Coca-Cola, aurait peut-être bien failli suspendre un investissement de 17 millions d’euros ; à soustraire aux 100 millions d’euros que la mesure devrait rapporter.

Mais il parait que ce communiqué est une "erreur de communication". Aussi je vais laisser à Tristan Farabet, PDG de Coca-Cola entreprise ou Véronique Bourez, PDG de Coca-Cola France le soin d'en discuter avec Hubert Patricot, président pour l'Europe du groupe. On notera toutefois que les canettes de boissons gazeuses sont toujours sous pression.

Toujours est-il que le plus fâcheux, c’est que cette idée peut faire jurisprudence. Et si, en représailles à la suppression du régime du bénéfice mondial consolidé (qui permet de déduire des bénéfices les pertes enregistrées par les filiales étrangères), Total ou Vivendi décidaient de cesser de commercer avec le reste du monde ?

Et si les hôtels de luxe ripostaient à l’instauration de la taxe de 2 % sur les palaces en marquant tricard ceux qui ont voté pour ? Imaginez un peu tous ces élus en déplacement obligés de dormir au Formule 1.

Manquerait plus que le Fouquet’s annule les soirées de victoire présidentielle. Chez Mac Do au Coca light, ça le fait moins.

mercredi 7 septembre 2011

Chasses

Voilà donc Pierre Charon réputé en disgrâce. Lui qui, pourtant, voici trois ans, protégeait si vaillamment Carla Bruni devenue first lady est banni de l’UMP.

Il n’aurait pas dû chasser sur les terres de Chantal Jouanno, éviter de filer la métaphore du lit au tatami et se coucher. Mais non.

Il fut pourtant un zélé serviteur. Quand le couple présidentiel était livré en pâture aux rumeurs, c’est lui qui, à l’affût, lançait les battues médiatiques et dégommait les canards. Le doigt sur le chien, l’ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy avait traqué un « complot organisé », allant même jusqu’à achever Rachida Dati.

La suite ? Privé de réunion quotidienne de l’état-major du président, puis prié d’aller organiser les battues de sangliers à Chambord. Il vient d’ailleurs d’en démissionner, son instinct de chasseur l’amenant probablement poursuivre d'autres proies... ou à les rabattre.