jeudi 17 août 2023

Caprices

La météo est capricieuse. Elle l’est de plus en plus avec les dérèglements générés par le réchauffement climatique. On se retrouve avec des orages de grêle en plein mois de juin, des inondations en août et des feux de forêts en novembre. Et des épisodes caniculaires qui surviennent alors qu’on nous annonçait un été modéré. On espérait un peu de soleil quand il faisait tout gris et maintenant qu’il se pointe, on s’inquiète de ne pas pouvoir sortir tant les températures seront hautes. On a fait construire des bâtiments avec des ouvertures de plus en plus grandes et voilà qu’il va falloir fermer les volets et lancer la climatisation, dont on sait qu’elle participe au réchauffement climatique. Certains arroseront leur beau gazon tout vert alors que les ressources en eau se tarissent. D’autres feront des kilomètres en voiture la clim à fond pour trouver une plage ou un plan d’eau afin de s’y rafraîchir. De l’humanité ou de la météo, qui est la plus capricieuse ?

mercredi 11 mai 2022

La mort

Elle avait pris cette fois la forme d'un bagnole roulant à vive allure. Moi, peinard sur mon scooter. Voici exactement un an, la grande faucheuse est venue m'inviter à sa table. J'ai hésité, puis j'ai poliment décliné, lui expliquant qu'il me restait des devoirs à accomplir. Avec un sourire sans joues, presque familier, elle a accepté de patienter, me recommandant de me dépêcher, car le temps était compté. Je me suis exécuté. A la tâche, j'ai trié dans les cartons du dernier déménagement ce qui valait d'être emporté. Il n'y a pas grand chose en fait. Un couteau forgé par un grand-père. Une bille en argile de la cour de récré vieille d'un demi siècle. Un caillou ramassé sur une plage laminé par les millénaires. Et j'ai soudain compris qu'elle avait toujours été là, cette vilaine, à menacer mon insouciance de sa fatale bienveillance, à me chuchoter depuis mon premier cri que pour aller loin, il fallait n'emporter que l'essentiel

vendredi 8 avril 2022

Digestion

Votera, votera pas ? Pour quoi ? Pour qui ? Pourquoi ? Au pays de la bonne bouffe, les Français se tâtent un peu comme au restaurant ou au rayon des promotions alimentaires du jour : qu’est-ce que je vais bien pouvoir choisir. Trop gras, salé, sucré, pas assez épicé, nutri-score déplorable, importé du bout du monde avec une empreinte carbone invraisemblable. Et puis il y a la couleur : trop bleu ou blanc, pas assez rouge ou vert, excessivement brun… Et puis est-ce qu’on va en avoir pour notre argent ? Eh oui, l’addition du resto ou la facture des courses, c’est comme une campagne électorale : c’est nous qui finançons. Payer tout ça sans rien manger, quand la moitié de la planète crève de faim démocratique, ça serait pas un peu cracher dans la soupe ? Après, l’important dans le choix de ce qu’on avale, c’est ce qu’on est en mesure de digérer.