jeudi 28 avril 2011

Acte

On a eu chaud. Barack Obama inéligible, c’eût été un coup dur pour l’humanité. Mais il a montré patte planche, acte de naissance à l’appui.

N’empêche, quand on y repense, ça fait peur. Imaginons un instant qu’il n'ait pas pu fournir à ses détracteurs la preuve de son américanitude. Pas de second mandat possible, d’accord, mais le premier ?

Connaissant le goût des Américains pour la chose juridique, on aurait peut-être eu droit à un procès, voir à une invalidation. Impensable. Le concert d’investiture avec Bruce Springsteen, c’était chouette, non ?

Bon, d’accord, Guantanamo, l’Afghanistan, il y a des dossiers qui traînent. Mais vous imaginez vraiment Barack obligé de rendre son Nobel de la paix ?

Et puis ça ferait trop plaisir à Berlusconi. Michelle qui refuse de lui claquer la bise, il parait qu’il ne s’en est jamais remis. Mais Barack est Américain. Dont acte.

mercredi 27 avril 2011

Malentendu

Chers extraterrestres, nous ne vous entendons plus. Le système américain d’écoutes pour capter vos messages a été coupé le 15 avril. Les États-Unis, qui se serrent la ceinture budgétaire, ont préféré consacrer les 1,5 million de dollars par an nécessaires au fonctionnement des radiotélescopes de Hat Creek à autre chose.

Alors donc, si vous avez prévu d’envahir notre bonne vieille planète Terre, profitez-en : nous n’en saurons rien. Mieux. Si votre invasion est programmée pour les prochaines heures, il n’y aura même pas de médias pour en parler : ils seront tous coincés au mariage princier.

Si vous comptez débarquer en Europe, ne tardez pas trop, tout de même : Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy veulent rétablir le contrôle aux frontières à l’intérieur des États-membres.

Un dernier conseil : une fois sur place, évitez d’utiliser vos smartphones pour communiquer. Vous risqueriez d’être géolocalisés, voir même placés sous écoute. Et n’allez pas vous plaindre : on vous dira que c’est un malentendu.

mardi 26 avril 2011

Dépression

Cette étude de la revue American Academy of Pediatrics a fait ressurgir une vieille question (à laquelle j'ai déjà répondu) : les réseaux sociaux sont-ils dangereux pour les ados ?

Certains, à force de s’y éterniser, s’embourberaient dans leur mal-être. Les chercheurs parlent de « dépression Facebook ». Quel est le problème ? La difficulté à s’accepter soi-même, à supporter le regard des autres… ou son absence.

Car c’est ainsi que ça fonctionne, et pas seulement pour les ados, sur les réseaux sociaux : on n’y existerait vraiment qu’en alignant une longue liste d’amis qui encensent chacune de vos paroles.

Faute de quoi, on reste seul et se morfondre en public est une circonstance aggravante, avec une sanction immédiate : l’absence de réponses ou - pire - les moqueries, qui renforcent ce mal-être, ce sentiment d’être mal-aimé.

Mais en quoi est-ce différent de ce qui se passe dans la " vraie " vie ? Il y a probablement des leçons de choses qui ne sont plus enseignées. Ou de belles lectures oubliés dans une dépression bien plus grave : celle de la transmission des valeurs.

lundi 25 avril 2011

Terme

Carla et Nicolas ! Un bébé ! Évidemment, vu l'échéance, ça jase. L’épouse de celui qui préside à nos destinées attendrait un heureux événement pour 2012, tout comme son mari aussi, d’ailleurs, un bonheur n’arrivant jamais seul...

Bon, cela dit, méfions-nous des rumeurs, surtout concernant Carlita. Les mêmes canaux lui prêtaient il y a peu une liaison avec Benjamin Biolay. Et puis ça n’est pas la première fois qu’on l’annonce partie parturiente. Enceinte en stéréo, sur le Net ou couchée sur le papier. Déjà lu, vu, entendu.

Mais il n’y a rien à faire : ça marmonne autour du marmot. Faut dire que c’est un peu son genre artistique, le « quelqu’un m’a dit », les petites phrases chuchotées... Et si c’était vrai ? Tout est possible quand les ventres s’arrondissent.

Et si le papa, inspiré par un sentiment paternel normalement partagé, se regardant un matin dans le miroir, décidait en se rasant de mettre un terme à sa vie politique pour se consacrer pleinement à celui de la grossesse de son épouse ? Mais au fait : est-il plus difficile d’élever dignement un enfant que de diriger ces sales gosses que sont les Français ?

vendredi 8 avril 2011

Banalisation

La banalisation du Front national, c'était trop banal. Pour le ban et l'arrière-ban, la cause est entendue : les Français sont comme ça, ils ont les élus qu'ils méritent, ces derniers ne faisant jamais que représenter les premiers, qui s'exaspèrent au point de glisser de sales bulletins dans les urnes de la Démocratie.

Non, le vrai truc nouveau dans la banalité du FN, c'est sa présence au premier tour de l'élection présidentielle. Tellement de sondages ces dernières semaines nous ont montré que dans quasiment tous les cas de figure, la fille Le Pen sera qualifiée pour le second qu'on a probablement fini par en accepter l'idée.

De ce fait, nous sommes passés dans un nouveau type de scrutin. Imaginons que tous les candidats aient aussi banalisé dans leurs stratégies cette présence du FN qui implique - c'est un postulat - que le candidat de l'extrême soit sacrifié au second tour sur l'autel d'un front républicain qui, bien qu'ébréché, n'en reste pas moins solide.

Alors on se retrouve avec un scrutin à un seul tour : le candidat - "républicain" - arrivé en tête du premier devient une sorte de preux chevalier choisi par les gueux pour affronter - dans un combat réputé victorieux avant son issue - la vilaine bête brune au second et enfiler l'habit du roi.

Dès lors s'ouvre la liberté d'une multiplicité de candidats, de formations, de clans et de partis de conquête de ce seul premier tour, le second étant présupposé gagné d'avance.

Et si la vilaine bête brune était capable, dans une telle configuration, d'emporter la victoire au second tour ? Et si les brèches de ce autel du front républicain masquaient sa ruine ? Autant de questions qui ne se banalisent pas.

mardi 5 avril 2011

Précarité bien ordonnée

Je n'ose pas imaginer que d'aucuns trouvent judicieux de faire dans la laïcité faute de se démener pour sortir la France du marasme économique dans lequel elle baigne. Cependant, étant de nature un peu méfiante, j'ai tendance à considérer depuis des années que le chômage, la précarité, ça arrange beaucoup de monde.

C'est vrai quoi, déposer à l'Assemblée une résolution pour un futur code de la laïcité, comme si la représentation nationale n'avait que ça à faire ? Comme si les chiffres de l'emploi étaient bons. Comme si la principale préoccupation des Français, c'était le port de signes religieux dans l'espace public.

Alors oui, évidemment, la mondialisation de l'économie est un étau. Certes, le concert des Nations est une cacophonie magistrale étouffée par la capacité de nuisance sonore du CAC40 et de la finance internationale. Mais bon. Mon doute subsiste.

Comme ce pressentiment qu'en projetant les risques et la difficulté de prendre en main cette question de l'emploi, les femmes et - surtout - les hommes qui nous gouvernent ont les bras qui tombent. De guerre lasse avant même de l'avoir menée.

Comme si, aussi, l'investissement politique était plus profitable sur ces faux débats de l'immigration et de la laïcité, qui se nourrissent bien évidemment de la première insécurité : la précarité.

Je crains d'y voir un renoncement et un vilain calcul : la bataille de l'emploi étant perdue d'avance, n'y gaspillons pas nos troupes et notre énergie. Trouvons un terrain moins dangereux.

Ou alors peut-être suis-je d'une nature vraiment trop méfiante. Peut-être ces femmes et - surtout - ces hommes qui nous gouvernent n'ont-ils plus assez l'occasion de s'immerger dans la réalité du pays dont la majorité des électeurs leur ont confié la destinée en espérant des jours meilleurs. Ils se peut effectivement que tout en haut du pouvoir, l'empathie s'use. Ou que l'on oublie que la précarité bien ordonnée commence par soi-même.

dimanche 3 avril 2011

Recto verso

Je me suis fait un jour une promesse : celle de laisser la trace, au milieu de quelques bouquins et de milliers d'articles ou de billets qui me survivront peut-être, d'une réponse essentielle à une question fondamentale que l'aîné de mes enfants m'a souvent posée : quelle est la différence entre la droite et la gauche ?

Je sens que les cadets commencent à s'y intéresser. Ils seront tous bientôt en âge de glisser un bulletin dans l'urne. Je ne veux pas disparaître demain sans avoir répondu. Le temps est donc venu de me torturer les synapses sur ce clivage gauche/droite.

C'est mon devoir de père et de citoyen. J'y suis très sensible. Du haut de mes 45 ans, j'ai payé toutes mes dettes à la société. Je n'ai jamais tenté la moindre évasion fiscale et je me suis libéré des obligations militaires.

Tiens, d'ailleurs, c'est sous les drapeaux que le clivage gauche/droite a pris un jour un sens inédit. J'ai servi comme officier appelé. A l'époque, on disait aspi, sous-bite... J'ai dû apprendre à faire marcher des hommes au pas : "Gauche, droite. Gauche, droite. Gauche... gauche".

L'ordre serré, c'est le nom exact de ce rituel qui pousse l'instinct grégaire de la civilisation à s'épanouir une fois par an sur les Champs-Elysées. Bref. Figurez-vous que jadis, quand nous, l'élite de la nation, apprenions au peuple à marcher en rythme, nous devions au préalable enseigner à certains désorientés la reconnaissance de la main droite.

Dans la plus pure tradition de l'humour militaire, nous avons assuré la transmission d'une vanne ancestrale. Quand le pauvre deuxième classe Duschmoll, un de ces malheureux sujets victimes de cette difficulté à reconnaître sa droite de sa gauche, faisait part de son désarroi, la réponse d'usage était : "Ta main droite, Duschmoll, c'est celle où le pouce est à gauche".

C'était con, mais ça nous faisait - nous qui savions reconnaître notre droite de notre gauche - bien rire. Quand j'y repense, la vérité relative de cette réponse avait, outre son imbécillité immédiate et son inefficacité manifeste, un sens caché.

Et si, effectivement, selon que l'on retourne ou non sa main, la gauche et la droite pouvaient être comme ce pouce, tantôt à droite, tantôt à gauche ? J'y ai souvent cru.

Et puis avec le temps, une réponse sincère aux interrogations de ma progéniture se faisant probablement urgente, j'ai reconsidéré cette théorie et j'ai découvert que le clivage gauche/droite existe toujours.

Droite, derecha, rectitude... De l'ordre de ce qui est droit. Bien planté, perpendiculaire au sol, presque phallique. Gauche : comme maladroit, malhabile, mais aussi différent. La gauche, c'est donc l'autre, l'improbable.

Je me suis souvenu de ces jours de mai 1981 où l'arrivée de la gauche avait fait fuir les capitaux. Foutre la trouille au grand capital ! Quel parti aujourd'hui pourrait causer de telles conséquences ?

Les choses sont alors devenues limpides : si la gauche, c'est cette altérité qui rêve de changer la donne au point de faire peur à l'ordre établi, alors, la droite, ce sont les partis dits de gouvernement... Et logiquement, à l'inverse, les extrêmes ont pris la place de la gauche.

J'ai souvent en tête cette phrase de café du commerce qui rebondissait du comptoir au billard en passant par le flipper et le baby-foot Bonzoni : "les extrêmes se rejoignent". Oui. Elles se sont rejointes dans cette capacité - démagogique ou utopiste, comme vous préférez - à faire croire aux hommes en la possibilité d'un monde sinon meilleur, pour le moins différent.

Sont donc de droite tous ceux qui - quand bien même ils sont les héritiers de valeurs républicaines nées de révolutions - acceptent la fatalité d'un ordre établi. Et la gauche ? Les autres, ceux qui ont pris la place de la contestation, même si ce sont des ennemis de la Démocratie.

Alors voilà, les enfants : ne croyez jamais les gens de droite. Ni ceux qui se disent de gauche. Et regardez bien le bulletin de vote que vous glissez dans l'urne. Recto, verso.