Quand j'étais gosse, le monde était moins dangereux. J'allais à l'école tout seul. Une fois même, j'y suis allé en pantoufles.
Mon grand frère avait les cheveux longs, fumait des trucs étranges, me faisait écouter les Beatles.
Un peu plus tard, quand les poils commençaient à nous pousser le long du menton, la quête d'un Playboy était une aventure périlleuse.
Le cinoche était rare. Et les films à la télé, à part le vendredi soir pendant que les parents dormaient, c'était les Gendarmes ou Fantomas.
Les premières amoureuses n'embrassaient pas avec la langue. Il fallait attendre des mois avant de toucher un sein.
Ensuite, franchir l'huis d'une pharmacie et trouver le courage de dire : "C'est pour des préservatifs", ça tenait de l'acte héroïque.
Voilà quoi. C'était la France des années 70. Les radios libres nous ont écarté les oreilles, Mitterrand est arrivé, on a rêvé de révolution.
Les lendemains ont déchanté. La gauche s'est mise au caviar. Le Sida a calmé nos ardeurs. Le chômage nos ambitions.
La peur a changé de tête : les terroristes ont remplacé les cocos. On a perdu le sens de l'orientation : l'Est et l'Ouest avaient disparu.
Et puis on a acheté des ordinateurs et des modems. Nous nous sommes connectés à d'infimes communautés.
Nos armes étaient le mail, puis le forum, puis les blogs. Dans le même temps, le monde est devenu moins romantique.
Mais en fait rien n'a changé. Nous parlons, apprenons, échangeons plus vite. Et nos enfants encore plus rapidement.
Quand j'étais gosse, le monde n'était pas moins dangereux. Simplement, je ne le savais pas. Non, ça n'était pas mieux avant.
Twitstory du 3 août 2010 entre 21 heures et 21 h 30 sur la TL de @christreporter
<3
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