Les auteurs ont le droit de tout dire, tout écrire, dans les limites imparties par l’état du droit, qui laisse de la marge. C’est ce que l’on appelle la liberté d’expression et c’est précieux comme la Démocratie. Fragile aussi.
Voilà ce qui permet à un auteur de narrer un DSK antisémite qui se torche le cul avec les pages de La Nuit d’Elie Wiesel. S’en offusquer serait d’ailleurs une marque d’intolérance ou un sérieux manque d’humour. C’est bien connu : on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde : les jeux de mots sur les fours crématoires amusent rarement les enfants de victimes de la Shoah et les blagues pédophiles ne font que très peu s'esclaffer ceux qui en ont été victimes.
Le devoir de mémoire ? Incompatible avec une société de l’immédiat. L’éthique ? Un gros mot. Le respect ? Un truc ringard. Non, tout peut passer à la moulinette de l’humour noir, de l’autodérision, de la provoc’ et des sarcasmes. Tout. Ça n’est qu’une question de temps.
Après les victimes des camps de concentration, celles d’Hiroshima, des guerres du Vietnam ou d’Algérie, du Wolrd Trade Center ou de Fukushima, sans oublier, évidemment, les millions martyrs de la finance internationale, cette nouvelle bête immonde qui écrase des vies dans les laminoirs de la spéculation.
Attendez-vous même à voir paraître un roman qui nous racontera que la tentative de suicide par immolation le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi n’était pas destinée à déclencher le printemps arabe, mais à assurer la promotion d’une marque d’essence.
On rira même des altermondialistes et de ces imbéciles qui perdent leur temps dans les mouvements Occupy, de Wall Street à La Défense. On peut parier aussi que le moment venu, un ou deux bouquins sortiront, mettant en scène cette insupportable dictature intellectuelle des défenseurs de la liberté d’expression.
Ça fera rire beaucoup de monde, cette pirouette. Ça deviendra même tendance au point qu’on ne saura plus si les politiques qui veulent revenir sur les lois qui défendent cette liberté de s'exprimer sont sérieux ou s’ils ont le sens de l’humour. Peut-être même finiront-ils par convaincre les électeurs de leur confier le pouvoir. Et nous aurons gagné une grande liberté : celle de ne plus entendre que leur seule expression.
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