Voilà. Faut que j'explique un truc que les vieux connaissent, mais que les plus jeunes d'entre-vous ignorent peut-être
Alors. Bon. Par où commencer ? Oui : je suis né dans les années 60 dans le Nord. L'acier, le charbon, le textile
J'ai grandi sur cette terre où, le 30 avril 1891, des soldats ont testé le fusil Lebel sur des guesdistes qui préparaient le 1er mai
J'ai pas mal vu, vécu, subi, suivi, agité, couvert et même déclenché - ça m'est arrivé une fois - de conflits sociaux, de grèves générales
J'en ai tiré une certaine expérience et des leçons. En l'occurrence, j'ai découvert la dialectique de la patronne et du patron
Le patron, c'est celui contre lequel on se bat. Acception large : l'économie mondialisée, le pouvoir, ce qui nous gouverne et nous dépasse
La patronne - héritage de mes terres prolétariennes - est l'épouse qui gère le budget. Acception contemporaine : le solde du compte en banque
Quand l'ouvrier rentrait d'une nouvelle journée de grève contre son patron s'ouvrait un nouveau conflit avec sa patronne
Genre : "C'est bien beau tes histoires de revendications et de défense des droits acquis, mais faut faire bouillir la marmite"
Rien n'a vraiment changé. Une grève ne dure que tant que les grévistes ont les moyens de faire grève
Beaucoup auront le courage de se mettre en danger, de convaincre leur patronne et leurs enfants de les suivre dans le sacrifice de la lutte
Les plus déterminés iront jusqu'à bouffer du rat crevé pour emporter la victoire, parce qu'ils croient qu'elle porte des jours meilleurs
Et comme toujours, ces héros de l'ombre disparaîtront dans l'oubli. Leurs efforts profiteront à une élite à l'abri du besoin
Mais si encore une fois ceux qui ont choisi de ne pas rebrousser chemin doivent être perdus en route, on aura atteint le point de non-retour
La veille d'une bataille, faut penser aux lendemains qui déchantent
Twitstory du 12 octobre 2010 sur la TL de @christreporter
Tu as parfaitement raison,bien que n'étant pas du nord,je retrouve un parcours similaire et je rend grâce à nos anciens de s'être fait casser la gueule pour notre génération et je maudits certains jeunes,petits arrivistes trentenairant,fanfaronnant devant la patronne,fière d'avoir bouffer de l'acquit social au nom d'une société dont ils ne se rendent même pas compte qu'elle les conchies et les rends uniquement dépendant au dieu argent qu'ils ne verront de toutes façon,qu'en très petite quantité.
RépondreSupprimer@Thierry ça va pas être facile d'expliquer ça à nos enfants
RépondreSupprimerOui et Non
RépondreSupprimerLe patron est l'adversaire contre qui les salariés se dressent, la patronne n'est pas toujours "l'ennemie" de l'intérieur, elle est parfois d'un grand soutien moral, elle convainc de résister.
Y aura t-il des lendemains qui déchantent ? En l'état nul ne le sait, il suffit que les lycéens, étudiants s'y mettent vraiment en bloquant les U et lycées, que les dockers bloquent les ports, que toutes les raffineries soient bloquée, que les routiers bloquent les routes, ques les controleurs aériens bloquent le trafic et tout ça cumulé peut faire changer le gvt.
Tout cela est possible, détermination, organisation et
Arf j'ai été.
RépondreSupprimerPour conclure je disais que la structuration, l'organisation, la détermination sont les clés de la réussite. On doit reconnaitre que CGT et CFDT ont parfaitement réussis en "drivant" l'intersyndicale et en calmant SUD et FO.
Alors oui la patronne peut-être fera t-elle la tête parfois mais c'est un mouvement préparé et les caisses syndicales aideront sans nul doute ceux qui en ont besoin.
L'exaspération est à son comble et elle de la force.
L'ouvrier peut accepter des conditions de travail très dures tant qu'il croit que l'avenir sera meilleur. S'il advient qu'il perde la foi sur les qualités du lendemain, l'ouvrier peut devenir très dur dans les conditions qu'il met à travailler !
RépondreSupprimer:-))
[Ah tiens, on a des racines communes. Il n'y a pas mieux que le Nord pour intégrer la notion de peuple et de grand patronat, je trouve ! :-)) ].
Il y a un truc qui me gène, dans cette grève : ce n'est pas le patron qui est l'ennemi, ou du moins, par directement, c'est le gouvernement.
RépondreSupprimerMais oui, une grève peut faire très mal au gréviste.
Nicolas : en fait, il y a le patron du coin et le grand patronat. Faudrait faire le distingo, le second a l'oreille du gouvernement tandis que le premier subit comme tout le monde ! :-)
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