L'indépendance des rédactions est un leurre, aussi vieux que celui de la liberté de la presse
De tout temps en tous lieux, les médias ont toujours été des industries, des commerces, soumis aux lois du marché, à des intérêts privés
Ou des services publics financés par des contribuables par le biais du bon vouloir du pouvoir en charge de gérer les fonds publics
En près de vingt ans, j'ai traversé une dizaine de rédactions et partout, j'ai mesuré cette dépendance
Jusqu'au jour où j'ai compris que ça n'était pas à mon employeur de garantir mon indépendance, mais à moi de la préserver
Les dirigeants d'une rédaction subissent des pressions. Ils ne leurs résistent aussi longtemps que chaque journaliste y résiste lui-même
A tout prix. Y compris à celui de devoir prendre la porte ? Oui. C'est l'essence même du métier de journaliste
Nous sommes dépositaires du vieux contrat de louage de services. Nous ne faisons que prêter nos capacités à des employeurs
Ces derniers s'en priveront facilement si elles sont mauvaises. Ils auront en revanche du mal à s'en passer si elles sont bonnes
Comment sait-on si elles sont bonnes ou mauvaises ? Quand on a réussi à délivrer les faits et leur sens au delà des pressions
Quand ce travail est suffisamment irréprochable pour résister aux fourches caudines. Quand enfin, il reçoit l'estime du public
Ceux qui réussissent à accomplir leur mission de la sorte prennent le risque d'être chassés par le pouvoir
Parfois même, ils finissent abandonnés par leurs rédactions. Mais il faut espérer que le public n'est pas ingrat. Ou changer de métier
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