Je vais laisser le soin au personnel politique, aux analystes, aux sondeurs et aux chroniqueurs de tirer les enseignements de ce nouveau record d'abstention atteint au premier tour des cantonales. Pour ma part, j'ai déjà donné mon point de vue.
Maintenant, je m'interroge, confortablement assis au pied d'un marronnier : n'est-il pas temps d'accélérer un peu la mise en oeuvre du vote électronique. Alors bien sur comme d'habitude quand on évoque cette question, les détracteurs labourent les pâturages du débat et déterrent leurs solides arguments.
1. Les électeurs français ne sont pas tous équipés. Cela dit, 64 % de foyers, c'est quand même pas négligeable. On laissera le tiers restant aller aux urnes.
2. Le vote électronique n'est pas au point. Rien ne vaut la méthode à papa - à la main - qui fait ses preuves depuis deux siècles. Pourtant ça fait un moment que des gens compétents y réfléchissent.
3. Techniquement, c'est compliqué, le risque de fraudes... Et la télédéclaration des impôts ? Et les actes administratifs ? Et la gestion des comptes bancaires ? C'est un échec ?
4. Argument de principe : la migration périodique du corps électoral vers les isoloirs est un acte civique, une sorte de transhumance politique qui nous différencie du bétail. Ce à quoi j'ai envie de répondre que des trois fondements de la citoyenneté - la conscription, la soumission à l'impôt et le droit de vote - ne subsiste dans sa forme archaïque que ce dernier.
Bref, voilà. Je sais bien que ce sujet est un marronnier qui bourgeonne au lendemain de chaque élection et je crains que personne n'ose vraiment le secouer, probablement de peur de prendre des châtaignes sur le coin de la tête, ce qui est somme toute très gaulois.
Les arguments ne sont pas tous recevable.
RépondreSupprimer1- Le premier l'est même s'il est discutable du point de vue égalité.
2 - Des gens compétents y réfléchissent... et le condamnent! http://www.ordinateurs-de-vote.org/Communique-du-20-decembre-2007-Une,10360.html
3 - Techniquement, cela n'a rien à voir avec la télédéclaration ou un acte bancaire car le vote est anonyme. Le simple fait que cette opération dématérialisée soit anonyme, rend toute vérification impossible. Quand vous retirez de l'argent, si vous recevez 100€ à la place de 200€ vous le saurez sur le ticket ou sur votre relevé. En vote anonyme dématérialisé, la vérification est intrinsèquement impossible car il est interdit d'aller voir ce qu'es devenu votre vote. Ceux qui prétendent pouvoir le faire ne sont pas crédibles.
4 - Je suis contre cet argument de principe mais cela reste ouvert à la discussion. Par contre j'opposerais un autre argument de principe rédhibitoire: Le vote électronique confisque le droit de contrôle de l'élection au citoyen pour le mettre dans les mains de tiers "de confiance" (organismes certificateurs, techniciens, organisateurs, personnel communal etc...). Cela n'est pas acceptable, car le seul jour où le citoyen a le pouvoir c'est le jour de l'élection et ce jour là, il ne doit pas confier le contrôle de son vote à un tiers. Rappelons que les pouvoirs que le citoyen délègue vont jusqu'à autoriser à le mettre en prison.
Enfin, et c'est le plus important, l'abstention n'a jamais été résolue par le vote électronique. D'ailleurs cet argument est de moins en moins utilisé par les industriels du marché. Par exemple, en Suisse, la participation n'a pas été augmentée par l'utilisation du "vote" par internet ou par SMS. Pire, lorsque celui-ci à été utilisé pour les élections professionnelles au CNRS, les chercheurs méfiants ont massivement boudés ce mode de vote ce qui a divisé la participation par 2.
Hervé Suaudeau
Informaticien, et citoyen libre pour le vote contrôlé par les électeurs (www.aulnaycitoyen.org)
Je rajouterais que le vote par internet (qui avait été imposé) a été abandonné au CNRS juste après la première "expérimentation".
RépondreSupprimerJe suis prêt a discuter de vive voix à tous ces arguments.
@ Hervé Suaudeau
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions.