Un jour, il y a longtemps, j'ai dit qu'Internet transformerait l'humanité. On m'a traité d'utopiste. La rubrique des cyber faits divers du jour me rappelle cet instant où j'ai expliqué à un auditoire sceptique que l'idée selon laquelle les deux mondes – l'URL et l'IRL – sont séparés et ne se rencontrent jamais est une sorte de légende urbaine née du croisement entre une pensée archaïque et une peur de l'avenir.
Je n'y ai jamais cru. Surtout depuis le développement des réseaux sociaux. Comment imaginer que les minutes, les heures, les jours passés à interagir avec d'autres humains, quel que soit le médium, ne peuvent pas prêter à conséquence ?
Comment penser une seconde que les humeurs, les informations échangées et les avis confrontés ne s'impriment pas dans nos mémoires pour contribuer à produire des opinions, des haines ou des amours ?
Nier cette capacité du Net à forger les consciences - individuelles et/ou collectives - et les sentiments est aussi absurde que de croire que ce qui est transmis de bouches à oreilles, imprimé dans les livres, les magazines ou les journaux, dit à la radio ou montré à la télé n'est pas susceptible de bouleverser le cours de la vie des individus qui reçoivent ces messages, fussent-ils vrais ou faux, qu'importe.
On se conçoit ici comme ailleurs un point de vue sur le monde, des attaches et des distances, pour mieux y naviguer. Atteindre une terre promise ou se naufrager contre de maudits récifs.
Croire que les choses lues ou vues sur l'écran d'un terminal sont différentes des odeurs respirées, des surfaces touchées, des sons entendus ou des saveurs goûtées est une simple hérésie. Elles participent toutes à la constitution de notre être.
En émettant et/ou en recevant des données, nous générons immédiatement de futurs souvenirs dont certains ne s'effaceront jamais. Peut-être-même en rappelleront-ils d'autres, comme la madeleine de Proust, parce qu'ils portent une charge émotionnelle.
Tout cela ne se réduit pas en une succession de 1 et de 0 qui circulent, se croisent et s'entremêlent. Il faudra bien un jour admettre que l'humanité est entrée dans un développement cognitif et affectif nouveau : celui de l'agrégation collective des connaissances et des émotions via le Net.
On peut continuer à croire que cette faculté nouvelle n'existe pas, puisqu'elle ne se matérialise nulle part. Ou admettre que ce que l'on ne voit pas, ce que l'on ne touche pas, ce que l'on ne saisit pas peut changer le monde. On appelle ça une utopie.
Hop ! RT sue twit ! ^^
RépondreSupprimerAvec un r à la place du e…!
RépondreSupprimer@jeandelaxr DM prémonitoire, camarade !
RépondreSupprimerMerveilleux texte !
RépondreSupprimerMerci.
Vous n'avez rien à envier à Joël de Rosnay. Splendide !
RépondreSupprimer@ mike hammer papatam andropov et @ Comic Sansms : merci !
RépondreSupprimer