Les révolutions n’envoient pas de cartons d’invitation. Elles ne préviennent jamais.
Elles explosent là où on ne les attend pas. Et parfois, elles sont silencieuses.
Les révolutions éclatent à cause de détails. Une disette, le prix du pain qui augmente...
Un coup de sang. Un sentiment d’injustice. La défaite des Bleus est une révolution en puissance.
Elle vient bouleverser l’ordre établi. Le contexte est favorable et sans le savoir, certains ont servi la cause révolutionnaire.
Lancer une pétition réclamant que leurs primes soient reversées aux football amateur était une parfaite idée contre-révolutionnaire.
Qu’elle soit signée par des dizaines de milliers de crétins, péquins, ministres ou chefs d’Etat ne changera pas sa nature : une ineptie.
C’est juste la vue d’un esprit étroit : pour devenir révolutionnaire, populaire et non populiste, cette idée aurait dû être murie, aboutie.
Il aurait fallu avoir l’intelligence de demander à tous ceux qui profitent du football professionnel de se saigner après la défaite.
Des états généraux, idée révolutionnaire. Allons-y. Jusqu’au bout. Posons toutes les questions.
Qui a pourri le foot professionnel ? Bernard Tapie ? Son avocat d’alors aujourd’hui ministre ?
La Française des jeux, les droits de retransmissions, les sponsors, les annonceurs, les Fédérations ?
Demander aux Bleus de renoncer à leurs primes était une idée d’une bassesse absolue.
C’était comme demander de refaire le procès de Nuremberg en n’appelant à la barre que les cheminots qui ont convoyé les déportés.
Ne pas avoir une vue d’ensemble, une capacité à comprendre les conséquences en analysant les causes est une faute inexcusable.
Venir s’en enorgueillir sur les réseaux sociaux sans jamais prendre la peine d’y débattre avec les contradicteurs est un facteur aggravant.
Pour une bonne révolution des esprits, rien de tel qu’une succession d’actes symboliques.
L’éviction d’humoristes libres du service public de l’information payés en partie par la redevance est un signal fort.
Lever l’impôt pour assurer nos droits et nos libertés, c’est un sacrifice que nous sommes tous prêts à consentir.
Si c’est pour financer l’injustice, pouvons-nous l’accepter ?
Revenons aux Bleus : leur aventure, si elle avait été heureuse, aurait détourné nos regards du quotidien.
Un plan de rigueur annoncé pour la rentrée...
Une réforme des retraites par un ministre dont la rigueur budgétaire ne semble plus avoir d’égale que celle, cadavérique, de sa crédibilité.
Le rideau de fumée footballistique de la France devait masquer ces réalités. Il s’est dissipé.
Institutionnaliser l’analyse des causes de la défaite ne sert qu’à l’entretenir, ce leurre médiatique.
Plus de fumée. Vue sur des réalités choquantes. Une manifestation ? On ne sait plus si le pavé est fécond en révolutions.
Mais les révolutions explosent là où on ne les attend pas. Sur les réseaux sociaux, là, il y a le feu.
Les réseaux sociaux, c’est un peu comme les banlieues sensibles : des zones de non droit où vivent des gens dangereux.
Les pouvoirs publics en ont peur, les pompiers n’y vont plus, les élus n’osent pas s’y aventurer. Dommage.
On y aime l’invective, l’humour, le dialogue, la contradiction. On y déteste les idées reçues, la censure, l’ordre établi.
Mais on y est prêt à se suivre et se croire, une fois qu’on a fini de se contredire, pour échanger les idées.
Lancez les pétitions les plus populistes jamais inventées. Faites tous les états généraux que vous voudrez.
Faites croire aux Français que seuls les joueurs sont responsables de la défaite...
Que si le pouvoir n’est pas respecté, c’est à cause des humoristes.
Les réseaux sociaux, c’est une peu comme le Tiers-état : faut écouter.
En hommage à Serge http://www.youtube.com/watch?v=mLq7EcvRaf0
Twitstory du 23 juin 2010 entre 22 h 45 et 23 heures sur la TL de @christreporter
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